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PIXX – Interview – Paris, samedi 28 octobre 2017

PIXX - Interview - Paris, samedi 28 octobre 2017Hannah Rodgers n’a que 22 ans, mais elle déjà su bâtir un univers sonore et visuel qui font tout l’originalité de son projet musical. Sur un premier album audacieux, Pixx retourne les codes de la Pop, expérimente, ose, surprend et séduit. Il n’en fallait pas plus pour nous décider à aller la voir en concert au Pop Up du Label à Paris et faire connaissance avec cette artiste haute en couleurs pour qui la créativité n’est pas un vain mot.

Peux-tu me parler un peu de toi : d’où viens-tu et quand as-tu commencé à faire de la musique ?

Pixx : J’habite à Croydon, dans le sud de Londres, vraiment au bord de la ville, c’est l’une des parties les plus éloignées. Il y a beaucoup de bois, de champs et de fermes mais c’est Londres quand même, c’est très bizarre. J’ai commencé à jouer de la guitare vers l’âge de 14 ans, mais avant ça je composais déjà des chansons a capella, à propos de mon chat ou de choses comme ça !

As-tu grandi bercée par la musique, avec ta famille ou tes amis ?

Pixx : Oui, mon père est un vrai amoureux de musique et c’est ainsi que je l’ai découverte quand j’étais plus jeune. Il joue de la guitare. Il me chantait des chansons qu’il composait. Parfois il me disait « Hana a écrit cette chanson ! » et je lui répondais « oui !!! » mais c’était bien lui qui les écrivait. Donc beaucoup de mes influences viennent des goûts musicaux de mon père, ça craint un peu non ? (Rires)

Quand tu étais plus jeune tu as souffert d’insomnie pendant un certain temps. L’écriture de chansons est-elle devenue une cure pour toi ?

Pixx : J’ai toujours écrit des chansons, même à cette époque. J’étais vraiment jeune quand j’ai souffert d’insomnie, j’avais environ 9 ans, et pendant quelques années j’ai eu ces épisodes où je n’arrivais pas à dormir. Et je faisais des rêves vraiment fous. Mais j’ai commencé à faire de la musique après ça. Je pense que d’une façon plus générale ça m’a aidée à être plus ouverte et honnête avec moi-même et rien que pour ça c’est vraiment bien.

La chanson « Waterslides » a été inspirée par un rêve ?

Pixx : Oui, j’avais fait ce rêve où j’étais sur une sorte d’île, c’était comme un parc aquatique, mais abandonné, très délabré. Et il y avait des gens en costume qui s’y promenaient, habillés comme s’ils étaient dans le centre de Londres ! Ils avançaient tous, sans expression sur leurs visages. Je me suis dit que c’était un bon portait de ce qu’est Londres en réalité !

PIXX - Interview - Paris, samedi 28 octobre 2017A 16 ans tu as intégré la Brit School, de quoi s’agit-il ? Ce lieu a-t-il eu une influence sur ce qu’allait devenir ta future carrière ?

Pixx : Oui je pense que ça a eu une influence parce que j’étais entourée par beaucoup de musiciens incroyables pour la première fois dans ma vie, et beaucoup de gens de mon âge qui aimaient aussi la musique. J’ai soudainement été influencée par ce qu’ils aimaient, notamment par le Jazz. Je n’ai pas du tout une formation classique, c’était mon premier contact avec cette musique qui a eu une grosse influence sur la façon dont j’écris maintenant.

Ensuite tu as signé avec 4AD qui a sorti ton premier album, comment cette signature avec un tel label est-elle arrivée aussi tôt ?

Pixx : Je ne sais pas encore vraiment pourquoi ! J’avais un management depuis quelques années déjà, et plusieurs labels intéressés se sont peu à peu manifestés. 4AD était celui avec lequel je me sentais le plus à l’aise, j’aimais déjà leur anciens et leurs nouveaux artistes donc ça avait du sens de signer avec eux.

Tu as donc sorti ton album qui s’appelle « The Age of Anxiety », que cela signifie-t-il ?

Pixx : L’album en lui-même est une collection de chansons écrites sur une longue période. J’en ai écrit certaines alors que j’étais bien plus jeune, à 18 ans environ, et j’en ai 22 ans maintenant. Et je pense que la raison pour laquelle je l’ai appelé ainsi c’est que ce titre signifie beaucoup pour des gens comme moi qui sont nés à l’heure des réseaux sociaux. Il y a beaucoup de pression sur les jeunes qui n’existait pas vraiment auparavant sous cette forme. Presque tout le monde y vit une double vie et chacun a un alter ego, et beaucoup de mes chansons traitent de cet étrange climat social que nous vivons aujourd’hui.

Comment procèdes-tu pour enregistrer, je crois que tu as fait l’album avec Dan Carey ?

Pixx : En fait je n’ai fait qu’une chanson avec Dan Carey, « I Bow Down ». Sinon j’écris beaucoup de mes chansons à la guitare, puis je les emmène avec moi en studio où je travaille avec des producteurs différents. Je n’ai jamais été vraiment adepte de l’autoproduction, j’aime travailler avec des gens qui savent ce qu’ils font et qui peuvent le faire rapidement, je dois être un peu impatiente !

Et comment cela s’est-il passé pour cet album ?

Pixx : Principalement à Chiswick, à l’Ouest de Londres, dans le studio de mon ami Simon Byrt qui se trouve à l’arrière de son jardin. C’est là que la majeure partie de l’album a été enregistrée.

Au sujet des réseaux sociaux, te sens-tu plutôt proche de la technologie ou de choses plus naturelles?

Pixx : Je pense que c’est un peu des deux. J’essaie de me détacher de la technologie de temps en temps, car je m’inquiète que les réseaux sociaux puissent entraîner l’humanité dans une sorte de folie, lentement mais sûrement. Je trouve que la possibilité pour tous de pouvoir s’exprimer sans avoir besoin de le faire en face est probablement un peu problématique. Je pense que la vie était bien plus simple auparavant. C’est dur, même en tant qu’artiste j’essaie de garder le rythme, il faut que je le fasse. Mais se mettre toujours ainsi en avant sur les réseaux sociaux c’est bizarre, vraiment étrange. Je ne trouve pas ça très naturel, j’ai tellement d’amis qui sont plus jeunes que moi qui ont souffert de dépression ou d’anxiété, et ça vient souvent du fait d’avoir grandi au milieu de tout ça, ils se sont un peu perdus.

Je crois que tu joues également de plusieurs instruments ?

Pixx : Je joue de la guitare et de la basse, j’aime aussi les synthés mais je n’en joue pas très bien, je me fais juste plaisir avec, j’expérimente !

Et tu as un instrument préféré ?

Pixx : La guitare !

On a souvent l’habitude de coller une étiquette aux artistes qui sortent leur premier album, mais dans ton cas c’est plutôt difficile, ce qui est une bonne chose, mais y-a-t-il des artistes qui t’ont particulièrement influencée ?

Pixx : Karen Dalton a eu beaucoup d’influence sur moi. Supertramp aussi, énormément. Tout le monde les déteste mais je ne comprends pas vraiment pourquoi. Je trouve que leur songwriting est incroyable, probablement parce que mon éducation m’a plus sensibilisée à l’écriture qu’au reste, et je trouve que Supertramp a beaucoup de bonnes chansons, même s’ils sont un peu dans l’excès. Prefab Sprout est aussi l’un de mes groupes préférés.

Et d’où vient ton pseudonyme, Pixx ?

Pixx : Ma grand-mère avait l’habitude de m’appeler « Pixie ». Je l’aimais tellement, c’était quelqu’un de très fort, beaucoup de femmes de cette génération ne pouvaient pas faire entendre leur voix mais elle savait le faire. Elle a eu beaucoup d’influence sur mon éducation.

Et Pixies était déjà pris !

Pixx : Haha, oui j’ai donc choisi Pixx, je l’ai juste raccourci un peu !

C’est ton premier concert en tête d’affiche à Paris, mais es-tu en tournée depuis longtemps maintenant ?

Pixx : Oui, depuis mars, pas non-stop mais de façon assez intense.

Tu as commencé avec la tournée d’Austra, qu’as-tu appris de cette expérience ?

Pixx : Ce qui est super avec Austra, c’est le public vraiment formidable que le groupe attire, je me suis sentie privilégiée de pouvoir ouvrir pour eux, j’ai vraiment appris beaucoup et j’ai rencontré tellement de monde. Il y avait une personne au concert ce soir que j’avais rencontrée à un concert d’Austra.

Et comment ton univers se transpose-t-il à la scène, tu as un groupe avec toi ?

Pixx : Oui j’ai un groupe. J’avais pensé à faire ça en solo mais je crois que je me serais sentie un peu seule, c’est bien d’avoir un groupe.

En fin de compte, qu’aimes-tu le plus dans le fait d’être une musicienne ?

Pixx : Je pense que c’est le sentiment de pouvoir m’adresser aux gens, qu’ils puissent se référer à mes chansons, qu’elles peuvent les faire sentir bien, ou triste. Je trouvais que j’étais honnête sur mon premier album mais avec le nouvel album que je commence à écrire aujourd’hui j’ai l’impression de l’être encore plus. Ça fait du bien de savoir que la musique fait ressortir ce qu’il y a d’honnête en moi et me fait parler de choses dont que je n’avais pas forcément l’intention d’aborder au départ. Tout cela passe par la musique, et avec mes concerts et les gens qui viennent y assister je comprends que l’honnêteté c’est vraiment la raison pour laquelle je fais ça, j’ouvre mon esprit à tous.

Propos recueillis à Paris le samedi 28 octobre 2017

Un grand merci à Pixx, à Sébastien Bollet pour avoir rendue cette interview possible, ainsi qu’à toute l’équipe de Beggars France et 4AD.

Pour plus d’infos:

Lire la chronique de ‘The Age Of Anxiety’ (2017)

Le Pop Up du Label, Paris, samedi 28 octobre 2017 : galerie photos

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