Date de sortie : 27 mars 2020 / Label : Domino Records/ Pays d’origine : Royaume-Uni

On ne fait probablement plus de la musique en 2020 de la même façon qu’en 1990. Sur une planète musicale ou les codes d’antan ont totalement explosé il est presque devenu plus facile d’en faire depuis sa chambre en bidouillant à la maison et de la publier sur internet. Ce modèle aurait pu être celui de Sorry, groupe formé par deux amis d’enfance, Asha Lorenz et Louis O’Bryen, élevés au rock, hip-hop, noise, à la musique électronique, au grime et au folk. Mais c’est finalement par la scène que le duo, avec Lincoln Barrett (batterie) et Campbell Baum (basse) s’est rapidement fait une réputation. Derrière un line-up en apparence tout ce qu’il y a de plus classique se cache pourtant une synergie qui fait d’eux l’une des formations les plus singulières de ces dernières années.

Après une succession de singles aussi excitants les uns que les autres sorits au long des deux dernières années, le premier album de Sorry s’annonçait grand, et c’est exactement ce qu’il est. Un melting-pot d’influences savamment digérées et une affinité toute particulière pour les sons distordus, dissonants, dérangeants, le tout joué avec une audace que l’on n’a guère entendu depuis Sonic Youth.

C’est indéniable, les membres de Sorry possèdent dans leurs gènes cet héritage 90’s, flagrant sur des titres tels que « Perfect », mais ils ont su les marier avec d’autres sonorités bien plus actuelles, qui lorgnent vers une culture plus urbaine pour une résultat ou Rock et Soul se côtoient sans complexe, comme l’avait si bien fait Nilüfer Yanya l’an dernier, notamment sur leur titre « Rosie ». Mais « 925 » est également un album qui ne se livre volontairement pas trop vite. Il s’amuse même de sa répugnance assumée sur « Starstruck » où l’on se demande si Asha Lorenz ne va pas vomir. Et le résultat est pourtant absolument brillant. A aucun moment Sorry ne nous laisse retomber dans nos certitudes. Chaque composition semble prendre le contre-pied de celle qui la précède, rendant ce spleen adolescent particulièrement fascinant sur un « Rock ‘n’ Roll Star » qui emprunte autant au Rock qu’au Ska et au Jazz, le rugueux « More » qui évoque The Kills ou encore « Right Round The Clock », la porte d’entrée de l’univers des londoniens.

« 925 » est un disque à découvrir, mais aussi à redécouvrir, un album à tiroirs dont chaque écoute réservera sont lot de surprises. Avec ce coup de maître, Sorry s’impose comme l’un des groupes les plus talentueux et novateurs de sa génération.