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Date de sortie : 1er mai 2007 / Label : One Little Indian – Polydor – Universal / Pays d’origine : Islande

Chaque album de Björk est un événement. Il y a déjà fort longtemps que l’Islandaise a dépassé la simple sphère de la musique pour représenter l’art autrement. Elle avait d’ailleurs tellement poussé ses recherches ces dernières années qu’elle en avait presque oublié l’essentiel : le public. Certes, ‘Medulla’ contenait quelques très bons titres tels que ‘Triumph Of A Heart’, mais avait tendance à plus se concentrer sur la technique (vocale) que la mélodie, confirmant le tournant entamé par l’intimiste et réussi ‘Vespertine’. La bande originale de ‘Drawing Restraint 9’ sortie l’an dernier ne laissait d’ailleurs pas envisager un retour à la simplicité. Elle s’en est fort heureusement rendue compte par elle-même et nous rappelle avec ce nouvel album pourquoi nous l’avions tant aimée il y a une bonne quinzaine d’année déjà.

Björk aime inviter de nombreux ‘guest’ lors de ses enregistrements. ‘Volta’ ne fait pas défaut à la règle, avec son lot habituel de surprises et de collaborations inédites et audacieuses… Elle a donc fait appel à une variété de musiciens venant de tous les horizons, tels que Antony Hegarty (Antony And The Johnsons) – qui chante sur deux titres – et le producteur Timbaland. Les autres artistes présents sur ‘Volta’ sont, entre autres, le pionnier de l’électro Mark Bell de LFO et les deux batteurs Chris Corsano (qui a notamment travaillé avec Sonic Youth) et Brian Chippendale de Lightening Bolt.

Björk sort donc enfin de son refuge avec des titres qui devraient réjouir les fans de la première heure, et surtout ceux de ‘Post’ et ‘Homogenic’. Aucun doute, ‘Volta’ est ce qu’elle a réalisé de plus entraînant depuis une bonne dizaine d’années. ‘Earth Intruders’ illustre parfaitement ce retour aux arrangements électroniques, agrémentés des rythmes tribaux de Konono N°1, un collectif congolais qui mélange musique africaine et guitares électriques ! Bref, du Björk comme on avait envie d’en entendre, pertinent et direct à la fois. C’est alors qu’elle nous entraîne dans une ambiance ‘marine’, avec ses mélodies de cheminées de bateaux qui précèdent l’excellent ‘Wanderlust’. Le titre atteint des sommets d’efficacité, créant une atmosphère poignante avec ses cuivres sur lesquels viennent se greffer progressivement un lourd beat électronique, et bien entendu le chant plein d’émotion de Björk. C’est probablement le meilleur morceau de l’album, la grande classe.

L’émotion monte d’un cran sur les excellents duos avec Antony Hegarty, et en particulier sur ‘Dull Flame Of Desire’ qui recèle un certain souffle épique, ou ce dernier donne magnifiquement la réplique à Björk, surtout sur le crescendo final. ‘Innocence’, un titre plus pop et léger, ainsi que le tranchant ‘Declare Independance’ sont quant à eux plus proches de l’électronique de l’époque de ‘Post’. L’album n’évite pas pour autant quelques longueurs, comme le plus dispensable ‘I See Who You Are’, mais retrouve dans l’ensemble une pêche que Björk avait quelque peu perdu. C’est finalement dans le calme que se terminera ‘Volta’ avec ‘My Juvenile’ (l’autre duo avec Antony), une belle ballade dans la lignée de ‘All Is Full Of Love’.

Sans revenir (forcément) au niveau d’Homegenic, ce nouvel album a amplement de quoi nous rassurer quant à sa capacité de composer de nouveaux classiques. Au-delà des nombreux avis qui vont circuler sur cette œuvre, ‘Volta’ permet à Björk de se reconnecter un peu avec le monde qui l’entoure et de redevenir par la même occasion plus accessible.

Titres conseillés: Earth Intruders, Wanderlust, Dull Flame Of Desire, Vertebrae by Vertebrae, Pneumonia, My Juvenile