Date de sortie : 10 octobre 2011 / Label : One Little Indian / Pays d’origine : Islande

Comme à son habitude, Björk a pris son temps avant de revenir avec un nouvel album. Quatre ans déjà depuis ‘Volta’, un disque qui avait divisé, comme tout ce que fait l’Islandaise depuis 10 ans, non par son côté expérimental mais au contraire en raison de son retour à une recette plus instantanée. Il faudrait savoir ce que l’on veut…. En tout cas ‘Biophilia’ ne souffrira pas des mêmes critiques. Peu d’artistes sont capables de pousser un concept aussi loin que Björk. Composer un album avec un IPad. C’est dans l’ère du temps, mais ça semble plus difficile à dire qu’à faire.

En tout cas ce n’est pas la première fois qu’elle marque ainsi fortement l’une de ses oeuvres en lui attribuant un fil conducteur, tel que celui de ‘Medulla’, entièrement basé sur les voix. En un sens, ‘Biophilia’ c’est un peu l’anti-‘Medulla’, avec ses textures électroniques prononcées, où l’humain est souvent mis en arrière-plan (d’ailleurs, c’est plutôt vers les étoiles qu’il faut se tourner en écoutant ce disque). Et ce sont pourtant ses deux disques qui se ressemblent peut-être le plus. On avait cru, en découvrant le single ‘Crystalline’, que Björk s’apprêtait pourtant à nous offrir une suite, 10 ans plus tard, au très beau ‘Vespertine’ qui, avec du recul, était une très belle réussite. Un disque où les charmes se dévoilent une fois les barrières de l’expérimentation tombées, lorsque l’on a passé la phase de la découverte – et du jugement – pour se laisser aller à la beauté naturelle de la voix de Björk, de ses choeurs et de ses arrangements. Et la recette marche à merveille sur cette chanson.

Mais voilà, tout comme ‘Medulla’, ‘Biophilia’ échoue là où il aurait dû trouver tout son intérêt. Passés les quelques refrains touchants de la diva Islandaise (‘Cosmogony’, ‘Virus’), on comprend vite que c’est l’exercice de style qui prime, pouvant parfois provoquer l’épuisement de l’auditeur (‘Hollow’ – que l’on retrouve une seconde fois dans une version encore plus longue sur l’édition collector française, avec ses trois titres bonus). L’ensemble laisse une impression légèrement mitigée, surtout parce que l’on se demande finalement où elle veut en venir avec toutes ses expérimentations qui ne semblent parfois amuser qu’elle.

Mais au-delà de l’effort que représente l’apprentissage de ‘Biophilia’, tous les ingrédients qui ont fait – et font encore – de Björk une artiste unique sont bien là. Elle ne manque toujours pas d’idées, mais les exprime un peu moins bien qu’à ses débuts. Etant heureux possesseur du très limité ‘Manual’ uniquement disponible en pré-commande sur le site officiel de Björk, on tient toutefois à vous signaler que ces chansons passent bien du studio à la scène, elles y retrouvent même la dose d’humanité qui semble leur manquer sur ce disque. On aurait mieux aimé s’en souvenir pour sa musique que pour son concept, mais même si Björk semble parfois tourner un peu en rond, avec le temps on s’y attache aussi, à ce ‘Biophilia’.