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Date de sortie : 1er mai 2007 / Label : Fiction Records – Caroline Records / Pays d’origine : Royaume-Uni

Elle avait séduit la France entière il y a trois ans avec son premier album intitulé ‘Let It Die’. Feist, la canadienne qui, loin de son passé musical entre Punk et Rock expérimental (notamment ses collaborations avec Peaches & Broken Social Scene), s’était lancée dans une aventure bien plus audacieuse, bercée par la Soul et le Jazz. Un cocktail gagnant qui en avait charmé plus d’un… sauf nous, semble-t-il ? Pourquoi ? On ne sait plus trop en fait. Peut-être le refus de faire comme tout le monde en disant « oui c’est génial », ou peut-être tout simplement parce que l’aspect toujours un peu vaporeux, pas assez ‘mordant’ de ce premier opus n’avait pas réussi à calmer nos ardeurs de jeunes impatients, assoiffés de gros riffs.

Mais nous aussi, nous avons gagné en maturité, et cette fois-ci Stars Are Underground vient se ranger du côté des inconditionnels de Feist. Là où nous trouvions les mélodies de ‘Let It Die’ belles mais trop linéaires, ‘The Reminder’ ne cesse de nous surprendre à chaque écoute, surpassant – de loin – son prédécesseur. A la différence du premier album composé en grande partie de reprises, ce nouvel opus a été entièrement écrit et composé par Feist, et c’est certainement là que se trouve le principal atout de ce disque. Elle a cette fois encore fait appel à son fidèle complice Gonzales avec qui elle avait déjà enregistré ‘Let It Die’, mais aussi de Mocky, Jamie Lidell, Ron Sexsmith et du producteur Renaud Letang (Katerine, Abd Al Malik, Manu Chao, Jane Birkin…).

Si ‘The Reminder’ évolue dans le même univers que ‘Let It Die’, notamment sur son titre d’introduction, ‘So Sorry’, le résultat est bien plus direct dès la première écoute, avec l’entraînant single ‘My Moon My Man’ qui avait commencé à passer sur les ondes quelques semaines avant la sortie de l’album. Un titre plein d’entrain, tout comme ‘I Feel It All’ qui le précède. On y remarque également le travail en profondeur effectué sur les chœurs (le très beau final de ‘Intuition’), les arrangements, et surtout ces petits détails qui font tout la différence : quelques notes de piano bien placées (dans la seconde partie de ‘I Feel It All’ notamment), une voix belle à faire pleurer (‘The Water’) sur une ambiance très jazzy parfaitement digérée et maîtrisée, la harpe de ‘Honey Honey’. Et ces titres sont encore parmi les plus conventionnels du lot : lorsque Feist entonne ‘Sealion’ avec ses chœurs Gospel et termine le titre dans un solo de guitare endiablé, elle impressionne par la diversité de ses influences et le talent avec lequel elle parvient à les mettre en valeur (il s’agit d’une reprise de ‘Sea Lion Woman’, une chanson traditionnelle qui avait déjà été reprise par Nina Simone).

On imagine l’artiste avoir pris autant de plaisir à enregistrer ce disque que nous à l’écouter, avec un feeling et un chant renversants (sur le jazzy ‘The Limit To Your Love’) sans jamais oublier de nous coller au beau milieu de tout cela de superbes tubes pop aussi ‘simples’ qu’efficaces (one, two, three, four’) ainsi que quelques ballades Folk (‘The Park’, ‘Intuition’). Avec ‘The Reminder’ Feist parvient sans mal à éveiller en nous une foule de sentiments, de la joie à la mélancolie. Mais face à une œuvre si inspirée, où chaque détail est si bien ‘senti’, c’est indéniablement la joie qui l’emporte. Un disque hors du temps que l’on n’a pas fini de découvrir.

Titres conseillés : So Sorry, I Feel It All, My Moon My Man, Sealion, Past In Present, One Two Three Four, Intuition, How My Heart Behaves