Date de sortie : 13 avril 2018 / Label : Virgin EMI / Pays d’origine : Royaume-Uni

Cela fait maintenant déjà plus d’un an que nous suivons le parcours et l’évolution d’Isaac Gracie, jeune singer songwriter anglais de 22 ans qui nous avait littéralement envoûtés avec son titre « All In My Mind ». Il y en a eu beaucoup d’autres depuis, dans la même veine. L’élan poétique de ses compositions n’est pas vraiment une surprise pour cet étudiant en Littérature Anglaise et Ecriture Créative à l’Université d’East Anglia dont la mère, Judith Gracie, était justement poétesse.

Ecrire de beaux textes est une chose, mais savoir les mettre en musique en est une autre, et Isaac Gracie excelle dans cet exercice. Avec ses EPs aux titres évocateurs – « Songs in Black & White » et « Songs From My Bedroom », il a doucement bâti son univers en toute simplicité – et intimité – avant de sortir l’EP « The Death of You and I » fin 2017, premier aperçu de son album éponyme.

C’est indéniable, il y a du Jeff Buckley dans le chant et la musique d’Isaac Gracie, une influence assumée par ce fan de Radiohead, Leonard Cohen et Bob Dylan. Mais ses compositions sont probablement plus directes que celles de l’auteur de « Grace » qui privilégiait au-delà de la mélodie l’expérimentation en poussant les frontières de son jeu de guitare. Celui d’Isaac Gracie est plutôt brut d’émotion; en ce sens il nous rappelle souvent le groupe de Thom Yorke à ses débuts, lorsque celui-ci nous prenait aux tripes avec la mélancolie de « Fake Platic Trees »… Eh bien pour faire simple on pourrait vous dire que les 11 titres qui composent cet album sont tous des « Fake Plastic Trees » en puissance. Ses mélodies bouleversantes et minutieusement concoctées sont faites pour vous travailler au corps, mais aussi au cœur. Qu’il accompagne sa guitare acoustique sur « When You Go » ou sur les introductions de « Terrified » et de « Telescope », Isaac Gracie impose d’emblée une voix qui ensorcelle, celle d’un auteur qui « vit » ses chansons et dévoile un peu de lui-même au fil de son œuvre.

De ce point de vue, ce disque revêt un caractère éminemment personnel, qui atteint des sommets d’émotion sur le renversant « Silhouettes Of You » et juste ensuite sur « All In My Mind ». A vrai dire on comprend dès « Terrified » combien l’artiste donne de sa personne avec les textes en forme de confession qui amènent au refrain « I’ve heard all the people calling my name. They never see how much I’ve changed. Now I’m terrified… ». Isaac Gracie crève l’abcès d’emblée et son disque prend la forme d’une libération et par la même occasion son envol, une guérison qui passe par quelques chansons d’amour déprimées (« Hollow Crown ») mais également tranchantes (« The Death of You & I », « Running On Empty »).

Le résultat de cette catharsis, c’est un album qui fera date, dans la lignée des auteurs compositeurs qui sont parvenus à faire battre notre cœur comme Damien Rice avait si bien su le faire avec « O », en 2002. Isaac Gracie s’ouvre à son public avec l’humilité, la fragilité et l’authenticité d’un artiste qui a beaucoup à donner, et il ne s’en prive pas. Alors fermez les yeux, ouvrez grand les oreilles, et apprêtez-vous à recevoir en plein cœur cette merveille de sensibilité.

Pour plus d’infos :

Lire l’interview d’Isaac Gracie, le mercredi 2 mai 2018

Le Café de la Danse, Paris, mercredi 2 mai 2018 : galerie photos

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