Date de sortie : 10 février 2023 / Label : Atlantic Records / Pays d’origine : Etats-Unis

Le premier album de Paramore depuis 2017 est aussi le plus fortement marqué par l’escapade en solo de sa chanteuse Hayley Williams. Pour être franc nous n’avions qu’assez peu d’affinités avec le Pop Punk originel du groupe du Tennessee. Ironie du sort, c’est lorsqu’arrive le succès critique que les ventes ne suivent (relativement) plus. Si les ventes de « Riot! » en 2007 dépassaient les trois millions d’exemplaires, celle de « After Laughter » ont plafonné à 600 000, ce qui n’est pas si mal me direz-vous, mais quand même six fois moins, ou trois fois moins que la plupart de leurs autres albums. C’est un peu le parcours inverse de nombreux groupes jadis indés qui nous ont déçus une fois le succès arrivé.

Qu’importe, Paramore n’a plus besoin de ça, et cela s’entend tout au long d’un disque particulièrement libéré. C’est aussi depuis qu’ils sont en trio sur l’album « Paramore » sorti en 2013 qu’ils se se montrent musicalement beaucoup plus intéressants. Moins juvénile, la musique des Américains a gagné en profondeur. Plus variée, plus aérée, plus technique aussi. « C’est Comme ça » – qui n’est pas une reprise des Rita Mitsouko – avec ses Na-na-na-na-na-na-na s’avère très réfléchi dans sa construction, ce qui n’enlève rien à son efficacité. « Big Man, Little Dignity » voit le trio évoluer dans un univers plus Pop, avec une introduction bercée par le son d’une clarinette.

Ce disque marque toutefois un retour à des sonorités plus Rock et directes, après avoir trop flirté avec la Pop sur « After Laughter » qui, malgré un succès critique, fera sans doute figure d’exception dans la carrière du groupe. « This is Why » est porté par des riffs de guitares saturés particulièrement efficaces, qu’il s’agisse du titre du même nom, du nerveux « The News », ou de l’imparable « You First ». En outre le chant d’Hayley Williams n’a probablement jamais été aussi bon et nuancé, souvent rageur, mais aussi plus apaisé sur « Crave » où elle ferait plus penser à Stevie Nicks, ou le final « Thick Skull ».

Entre expériences personnelles et récits plus génériques, l’album est celui d’un groupe en colère, particulièrement critique envers le monde des écrans, des médias, des réseaux sociaux, d’où cette pochette où le trio s’écrase le visage sur une vitre. Le terme album de la maturité a beau être galvaudé, « This is Why » sonne pourtant bel et bien comme le disque le plus adulte de Paramore. Un Rock pas aussi mainstream qu’il n’y paraît et plein de qualités.