Date de sortie : 21 mai 2010 / Label : Iris Music / Pays d’origine : France

On avait vu son nom passer récemment parmi la programmation du Festival Les Femmes S’en Mêlent, en compagnie de Jessie Evans et de Lonelady. Sans s’être encore penché sur sa musique, c’était déjà un gage de qualité. Car ce festival inspiré ne nous permet pas seulement de découvrir de nouveaux talents venus d’ailleurs, mais de France aussi. C’est donc le cas de Perrine Faillet, qui se fait connaître aujourd’hui sous le nom de Peau. Une artiste qui a pris le temps nécessaire avant de se lancer dans une aventure en solitaire, après 5 années passées au sein de la formation vocale ‘Crise Carmen’. Et ça se sent. Car ‘Première Mue’ est un album déjà plein d’assurance, qui joue avec les sens, une oeuvre bien plus humaine que la simple étiquette électro-pop qu’on pourrait lui coller un peu trop vite au premier abord.

Est-ce l’expérience acquise avec le temps? En tout cas sa voix nous touche car ses titres elle ne les chante pas, elle les vit. C’est le cas de ‘Première Mue’, au clip visuellement épatant. Avec son timbre posé, tout en retenue, elle nous fait pénétrer en douceur dans son univers intimiste et décalé qui joue dans un premier temps la carte de l’électronique mélancolique (‘Kyle’) qui nous rappelle un peu Emilie Simon à ses débuts, mais aussi Watine (‘Sensuelle’), Claire Diterzi (‘Guerre Longue’) ou Charlotte Gainsbourg (‘Weather’). Puis, peu à peu, les nombreuses richesses de ‘Première Mue’ se dévoilent, ouvrant la voie à une musique beaucoup plus variée, directe, mais aussi plus enjouée, notamment ‘Enola Gay’ (qui n’est pas une reprise d’OMD) ou encore ‘An Apple A Day’.

Les envolées Rock restent cependant marginales sur ce disque qui met surtout l’accent sur la finesse, et tout particulièrement celle des textes. Son chant en Français sur la moitié des titres laisse apparaître une autre influence de taille, celle de Noir Désir, sur ‘Litanie’ notamment, comme un écho de leur dernier album ‘Des Visages, Des Figures’. On y pense aussi sur le break de ‘Breathe’ qui, à l’inverse de son titre, est plutôt étouffant, lorsque le larsen et la distorsion viennent déchirer le calme ambiant .

Le tout est porté par des chœurs et samples nombreux mais jamais envahissants. Qu’elle soit électronique, acoustique, électrique, qu’elle chante en Anglais ou en Français, Peau met ses expérimentations au service d’une poésie moderne et ensorcelante.

Titres conseillés : Première Mue, Kyle, Enola Gay, An Apple A Day, A Few Things