1. Fairground
2. I Want You
3. Being Followed Home
4. Master of the Universe
5. Life Must Be So Wonderful
6. There’s No Emotion
7. Anorexic Beauty
8. Never-Ending Story
9. Don’t You Know
10. They Suffocate at Night

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Pulp est un groupe qui a en de nombreux points marqué l’histoire de la musique britannique de ces 15 dernières années. Mais lorsque la bande à Jarvis Cocker commença enfin à connaître le succès au début des années 90, notamment avec le single ‘Babies’, le groupe avait déjà presque 15 ans d’existence. Bien avant le succès de la Britpop, Pulp a dû endurer de longues et sombres années sans reconnaissance, enfouis au fin fond d’une scène de Sheffield a laquelle peu de chances furent laissées en ces années 80 pour faire parler d’elle.

On est encore également loin de l’image ‘Sex Symbol’ qui fera la réputation de Jarvis : grosses lunettes et vêtements pour la plupart récupérés dans les marchés aux puces constituent son style d’alors. Tout comme le reste du groupe, il n’avait pas un sou. Le manque d’argent est probablement l’un des principaux handicaps de ce ‘Freaks’ qui avait pourtant déjà à l’époque le potentiel pour que le groupe obtienne un certain succès. Mais les années 80 ayant privilégié beaucoup de choses plus futiles, la sortie d’un disque tel que ‘Freaks’ (‘Ten stories about power, claustrophobia, suffocation and holding hands’) arrive tel un cheveu sur la soupe.

‘Freaks’ le bien nommé. Un disque d’une ambiance très noire, que l’on ne retrouvera pas avant certains titres de ‘This Is Hardcore’ 12 ans plus tard. A l’époque Jarvis et Russell Senior sont les deux principaux moteurs du groupe. Russell et influencé alors par la musique d’Europe de l’Est, ce qui se fait notamment sentir sur ses mélodies au violon. Et c’est ce dernier qui chante sur le premier titre du disque, le surprenant ‘Fairground’, au ton presque diabolique. Avec ‘I Want You’ l’auditeur se retrouve pourtant en territoire plus connu, une chanson d’amour désespérée qui fait déjà penser aux titres vers lesquels se dirigera le groupe pendant la décennie suivante. ‘Being Followed Home’ repart dans une ambiance plus sombre, la voix de Jarvis se lâche un peu plus, mais n’a pas encore toute son ampleur. Puis vient ‘Masters Of The Universe’, avec cette fois-ci un chant très grave auquel Jarvis était plus accoutumé à l’époque. Un titre étouffant construit en crescendo, avec une atmosphère qui monte progressivement dans la noirceur.

Jarvis Cocker possédait en tout cas déjà en ces années difficiles un grand talent d’écriture, auteur de quelques magnifiques ballades (‘There’s No Emotion’, ‘Don’t You Know’, ‘They Suffocate At Night’…). Les problèmes du groupe, non seulement financiers mais aussi relationnels avec leurs label de l’époque, Fire Records, ne faciliteront pas la promotion de ce disque enregistré à la va vite, sans grands moyens. Pourtant, malgré une production imparfaite, les compositions étaient déjà bel et bien là. ‘Freaks’ était certainement trop noir et désespéré pour permettre au groupe de connaître le succès de masse, mais reste avec du recul, et une fois l’effet de surprise passé pour les non initiés au style ‘vieux Pulp’, un élément important et indispensable de la carrière du groupe.

Titres conseillés : Fairground, I Want You, Being Followed Home, Master Of The Universe, There’s No Emotion, They Suffocate At Night