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Date de sortie : 10 octobre 2007 / Label : _Xurbia_Xendless Limited – XL Recordings / Pays d’origine : Royaume-Uni

Alors voilà… On s’y était presque habitué, résigné… On pensait bien que le nouvel album de Radiohead ce ne serait pas encore pour cette année… Et voilà qu’un énorme coup de tonnerre vient soudainement s’abattre sur les médias, l’industrie musicale et tous les fans du groupe. Il aura suffit d’une note de Jonny Greenwood le 1er octobre sur le blog officiel du groupe :

« Hello everyone.
Well, the new album is finished, and it’s coming out in 10 days;
We’ve called it In Rainbows.
Love from us all.
Jonny »

IN-CROY-ABLE. Alors que depuis une bonne quinzaine de jours quelques rumeurs au sujet de cet opus circulaient effectivement sur le site du groupe via d’étranges messages codés – démentis par le groupe – voilà que le 7ème album de Radiohead débarque au moment où on l’attendait le moins, plus pour cette année en tout cas. Et ça ne s’arrête pas là ! Ayant terminé son contrat avec EMI, le groupe n’a pas pris la peine de retrouver un nouveau label, c’est donc en autoproduction que sort ‘In Rainbows’, via un mode de vente qui lui aussi va faire couler beaucoup d’encre : « It’s Up To You, Really », nous dit le site de vente Inrainbows.com, lorsqu’il nous demande de choisir le prix pour acquérir cet album en téléchargement. Et puis il y a ce fameux Discbox qui pour sa part est loin d’être gratuit : 40 Livres Sterling, soit environ 57 Euros ! Un somptueux coffret qui contiendra, outre la version vinyle de l’album, un second CD avec 8 titres supplémentaires. Nul doute que les fans, dont je fais partie, n’hésiteront pas à mettre la main au portefeuille…

Passés les nombreux débats sur la mise en vente de In Rainbows, reste une question, essentielle : qu’en est-il de la qualité artistique de cet album ? Il y a déjà quatre ans que le groupe a livré son dernier opus, ‘Hail To The Thief’, puis plus rien, à part un titre, ‘I Want None Of This’, sur la compilation ‘Help’, un album solo de Thom Yorke intitulé ‘The Eraser’ et quelques prestations live selon leur désir…

Comment a-t-on pu douter une seule seconde que Radiohead ne serait plus capable de nous faire vibrer comme ils l’on fait par le passé ? ‘In Rainbows’ s’impose comme la réponse évidente à bien des questions, bien des craintes, bien des attentes. Le Radiohead N°7 est peut-être bien la meilleure chose que le groupe nous ait offert depuis 7 ans, avec le déroutant et audacieux ‘Kid A’ qui brouillait les pistes après que le quintet d’Oxford ait conquis le monde avec l’inégalable ‘OK Computer’.

‘In Rainbows’ est peut-être bien le disque le plus intime de Radiohead, mais c’est pourtant le plus direct et accessible depuis longtemps. Sans être réellement expérimental, il n’évite pas pour autant les habituelles prises de risques. Des rumeurs avaient annoncé des chœurs d’enfants, elles se sont avérées vraies, sur le titre d’introduction ’15 Step’. Un morceau pas si lointain de l’escapade en solo de Thom Yorke, avec ses beats électroniques, et ses chœurs donc : rassurez-vous, juste quelques samples qui annoncent le refrain et non pas une chorale! Des voix qui ne remettent donc pas en cause le côté sombre du groupe. Son aspect énigmatique également : une fois de plus les paroles de Thom Yorke vont pouvoir passionner les Champollion en herbe pour les années à venir, d’interprétations en décryptages, les textes de ‘In Rainbows’ ne font pas défaut à la règle, aussi codifiés qu’envoûtants, on a une fois encore affaire à du grand Radiohead. Du très grand, lorsque le groupe enchaîne sur ‘Bodysnatchers’, le ‘Electioneering’ de cet album, qui laisse présager, à tort, un disque énervé, car la tension s’arrête là. Le troisième titre, ‘Nude’, (également connu sous le nom de ‘Big Ideas’), rappellera quelques bons souvenirs aux fans de la première heure, puisque celui-ci était déjà joué à l’époque de ‘OK Computer’, dans une version moins épurée. C’est d’ailleurs un adjectif qui convient très bien à cette œuvre au premier abord. Tout semble très loin de la production et des arrangements méticuleux du passé, mais ce n’est qu’un impression : les écoutes répétées au casque et sur vos enceintes vous prouveront le contraire. Car le point fort du groupe a toujours été cette capacité à nous émouvoir plus que les autres. L’étrange et dépressif ‘Weird Fishes / Arpeggi’, lui aussi bien connu des fans mais encore réadapté enfonce le clou :

« I get eaten by the worms
And weird fishes
Picked over by the worms
And weird fishes
Weird fishes
Weird fishes »

Puis la puissance émotionnelle de ‘All I Need’ met alors tout le monde d’accord. Peu de chanteurs ont cette capacité à faire pleurer leurs auditeurs par la beauté, la pureté de leur voix et de leurs intonations. Thom Yorke a ce privilège. L’une des plus belles chansons du groupe, avec un final digne de ‘Karma Police’ qui nous donne des frissons. Si la tension retombe légèrement avec l’acoustique ‘Faust Harp’, ‘Reckoner’ impressionne par son aisance et sa retenue. Ce titre aussi, les fans le connaissent bien, dans une version aux antipodes de celle-ci, avec un lourd riffs de guitare joué à l’époque de la tournée ‘Kid A’ / ‘Amnesiac’, dont le groupe n’était pas satisfait par ailleurs. Une version qui nous prouve que Radiohead n’a depuis bien longtemps plus besoin de s’énerver pour nous nous exciter !

« this is my way of saying goodbye
’cause i can’t do it face to face
or talking to you before
no matter what happens now
you shouldn’t be afraid
because i know today has been the most perfect day I’ve ever seen.»

Si c’est le cas Radiohead nous aura offert l’une des plus belles pages de l’histoire de la musique de ces 20 dernières années. C’est compréhensible : après avoir tant créé, tant donné, où aller? Que faire de plus? Si le groupe en reste là, son œuvre restera ainsi inégalable, sans le moindre bémol, gravée dans la mémoire collective.

C’est sans aucun doute l’un des plus beaux chapitres de leur histoire, le point d’orgue d’une carrière hors normes. C’est impressionnant à quel point tout semble à la fois calculé et naturel sur ‘In Rainbows’. Plus de 10 ans après avoir ‘explosé’ aux yeux du monde, Radiohead reste encore et toujours le meilleur groupe que notre planète ait porté, loin, très loin devant les autres.

Cette chronique sera probablement à suivre en décembre 2007 avec la sortie du second CD qui accompagnera le ‘Discbox’.

Titres conseillés : tous!

Pour plus d’infos :

http://www.radiohead.com/
http://radiohead.com/deadairspace/