1. Bloom
2. Morning Mr Magpie
3. Little By Little
4. Feral
8. Lotus Flower
9. Codex
10. Give Up The Ghost
11. Separator
Date de sortie : 18 février 2011 / Label : XL Recordings / Pays d’origine : Royaume-Uni |
Voici un album que l’on ne s’attendait pas à chroniquer il y a quelques semaines de cela, tout simplement parce que, comme tout le monde, on n’avait pas la moindre idée qu’il allait sortir du jour au lendemain! Mais on a préféré prendre notre temps avant d’en parler, surtout ne pas se précipiter. Évidemment un nouveau Radiohead, bien au-delà du buzz créé par son mode de distribution ou de la totale indépendance du groupe, c’est toujours un événement. Et pourtant…
… Pour la première fois, on peut vraiment dire pour la toute première fois, on a eu du mal avec cet album. Que ce disque est difficile ! On ne s’imaginait pas écrire ça un jour, tant ce groupe nous a fait rêver, nous a surpris, et a fait avancer la musique à sa manière, sans concessions et toujours avec un incroyable talent. On pourrait dire d’une certaine manière que ‘The King Of Limbs’ est bien le successeur de ‘In Rainbows’ sorti en 2007, avec lequel Radiohead avait poussé beaucoup plus loin que par le passé son goût pour l’expérimentation, l’électronique par exemple, dans un registre moins accessible que ‘Kid A’ et ‘Amnesiac’, mais qui conservait toujours cette saveur particulière, au-delà du savoir-faire.
On ne s’attendait pas à ce que ce soit facile, direct, ni même dirigé par les guitares, mais on ne pensait pas non plus à ce qu’un disque de Radiohead puisse manquer de saveur, justement. Soyez prévenus, avant de commencer à apprécier les ‘mélodies’ de ce King Of Limbs, il vous faudra au grand minimum trois ou quatre écoutes attentives. Alors que les expérimentations de Radiohead laissaient auparavant se dévoiler subitement des moments de grâce absolue, notamment sur ‘In Rainbows’, ici on a souvent l’impression qu’elles ne cachent… que de l’expérimentation !
Oh bien sûr, tout cela est virtuose, mais le groupe semble avoir oublié par moment que derrière les avancées techniques, rythmiques, instrumentales, se cachent aussi des chansons. L’entrée en matière est particulièrement difficile avec un ‘Bloom’ très porté vers le Dub Step . Certes, Colin Greenwood semble y prendre beaucoup de plaisir à la basse, ainsi que Phil Selway à la batterie, mais ce titre particulièrement linéaire peine à décoller. C’est déjà un peu plus accessible sur ‘Morning Mr Magpie’ qui, tout en étant dans la même verve, bénéficie d’une ligne mélodique plus évidente, avec une guitare – sans distorsion – qui donne l’impression d’être jouée en ‘taping’, et un break où la voix de Thom Yorke commence à nous séduire un peu plus et nous donner quelques petits frissons à la moitié du morceau. C’est mieux, mais pas encore pour autant à la hauteur de ce que l’on espère. ‘Little By Little’ arrive et on a l’impression de se retrouver un peu plus en terrain connu. Les arpèges dissonants prennent le dessus et le chant ressemble justement plus à un chant qu’à une longue plainte. Et c’est juste à ce moment où l’on se dit que ça commence à aller mieux que Radiohead s’enlise dans un ‘Feral’ électronique et bien pâlichon, à la fin duquel on se rend compte que l’on arrive déjà à la moitié de cet album qui ne comporte que 8 titres.
A ce moment là, ‘The King Of Limbs’ fait penser à une suite de l’album solo de Thom Yorke, ‘The Eraser’, jouée par Radiohead. Mais surtout on est inquiet. Là où ‘In Rainbows’ intercalait entre ses titres calmes un ‘Bodysnatchers’ ou un ‘Jigsaw Falling Into Place’, ici on ne trouve rien de tout ça. Et puis voilà ‘Lotus Flower’, découvert avant la sortie de l’album grâce à ce fameux clip où Thom Yorke se contorsionne, comme pris de crise d’épilepsie. Et comme les chansons se bonifient au fil des écoutes, celle-ci s’avère particulièrement réussie. Oh certes, vous ne risquez pas de chanter ça sous la douche, et il va falloir effacer de votre mémoire le groupe qui a composé ‘OK Computer’ et ‘The Bends’ pour aimer celui-ci, mais au moins cette chanson retrouve la profondeur qu’il manquait un peu aux titres précédents. Car quelle que soit la manière, voilà ce qui a toujours fait la force de Radiohead, voilà ce que l’on veut entendre. On veut que le groupe nous émeuve, et pas simplement qu’il nous étale ses idées et sa virtuosité. C’est d’ailleurs ce qui se passe sur le très beau ‘Codex’, un titre au piano qui a été comparé à ‘Pyramid Song’. Bien qu’il n’atteigne pas la même intensité, voici un titre qui nous donne enfin des frissons, avec ses cuivres qui accompagnent tout doucement la voix de Thom Yorke, on se croirait au milieu d’un songe… ‘Give Up The Ghost’ parvient à maintenir cette série de belles chansons entamée à la moitié de l’album, où l’on décèle quelques influences de World Music, avant de terminer sur un étrangement plus Pop – toutes proportions gardées – ‘Separator’ qui n’a l’air de rien à la première écoute mais qui saura offrir de belles surprises à qui saura s’y pencher.
Ouf, on a eu peur. A l’arrivée Radiohead s’en sort avec les honneurs. Mais – on le répète – que ce disque est difficile! Aurait-on pris la peine de l’écouter autant et aussi attentivement s’il ne s’agissait pas de Radiohead ? Probablement pas. ‘The king Of Limbs’ marquera-t-il l’histoire du Rock comme l’ont fait la plupart de leurs albums ? Certainement pas. Arrêtera-t-on d’écouter Radiohead pour autant ? Jamais! Il fallait bien qu’il album un peu moins bon que les autres arrive tôt ou tard. Et on ne vous dit même pas qu’il n’est pas bon, il nous a moins touchés, tout simplement. Ironiquement, avec ce disque aux allures inaccessibles, où le groupe plane loin, dans son monde, Radiohead semble laisser un peu derrière lui ce statut ‘culte’ qui lui colle à la peau et redescendre un peu dans le monde des mortels. Fianlement ce n’est peut-être pas une si mauvaise chose…
Titres conseillés : Little By Little, Lotus Flower, Codex, Give Up The Ghost
Pour plus d’infos :
Chroniques:
‘In Rainbows’ (2007)
‘Hail To The Thief’ (2003)
‘I Might Be Wrong – Live Recordings’ (2001)
‘Amnesiac’ (2001)
‘Kid A’ (2000)
‘OK Computer’ (1997)
‘The Bends’ (1995)
‘Pablo Honey’ (1993)
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