Date de sortie : 15 août 2005 / Label : Parlophone – EMI / Pays d’origine : Royaume-Uni

A chaque nouvel album depuis bientôt 10 ans, nous avons pris l’habitude de retrouver nos anglais de Supergrass, l’un des derniers survivants du rock britannique des années 90, avec un certain enthousiasme. Ces mêmes anglais qui nous faisaient jadis danser sur ‘Alright’ et dont à l’époque personne n’aurait cru qu’ils puissent durer plus d’un ou deux albums.

Et voilà les années passent et le groupe qui tournait à pleine vitesse a finalement eu besoin de ‘changer d’air’. Et c’est en Normandie que cela se passe. Comme nombre de leurs compatriotes, les Oxfordiens ont choisi la France. Besoin de prendre du bon temps, du recul aussi.

Et ce Road To Rouen résume bien cette évolution. D’où un accueil plutôt mitigé d’une partie des médias. Cela fait penser au dernier album d’Idlewild qui a souffert du même type de critiques. On attendait un album entraînant, bourré de folie et de bons riffs fédérateurs, et à l’arrivée Supergrass nous propose quelle chose de bien différent.

Le groupe prend des risques calculés. S’ils ne quitte jamais vraiment le style qui a fait son succès, ce côté 70’s, Supergrass met de l’eau dans son vin et sort un disque plus calme, mais peut-être aussi plus réfléchi. ‘Tales Of Endurance (Parts 4, 5 & 6)’ constitue une magnifique ouverture, avec sa longue introduction instrumentale et ses arrangements subtils, avant de nous ramener en territoire plus connu lorsque Gaz commence à chanter.

St Petersburg, premier single extrait de l’album représente bien la nouvelle direction prise par le groupe. Une chanson calme, acoustique, et de belles mélodies. C’est en même temps le point faible du disque qui peine par moments à trouver son véritable rythme et nous captiver de bout en bout. ‘Sad Girl’ ralentit légèrement ce bon début, mais le groupe se réveille ensuite sur le très bon ‘Roxy’, qui nous rappelle combien le quatuor est capable de nous pondre des airs imparables. Après un petit break sympathique (‘Coffee In The Pot’), mais plutôt « bouche-trou » le titre ‘Road To Rouen’ repart sur un style plus ‘funky’, mais pas totalement convaincant. ‘Kick In The Teeth’ se rapproche plus des anciennes compos du groupe, qui ne parvient néanmoins pas à se lâcher suffisamment sur ce titre.

La fin n’apportera malheureusement pas grand-chose de plus, du somme toute banal ‘Low C’ au final, simplement intitulé ‘Fin’, un assez joli morceau qui reste toujours en-dessous du vrai potentiel du groupe.

Pour la première fois Supergrass n’apparaît pas sur la pochette de l’album, laissant place à cette route de nuit. Une manière de nous inviter à un nouveau voyage. Un court voyage (35 minutes) qui comporte trop de titres peu mémorables pour être réellement convaincant. Restent les superbes arrangements et cette tentative de renouveau, qui n’aura sans doute pas les effets escomptés. Chez Supergrass on préfère quand même la fougue à la tendresse…