Date de sortie : 23 septembre 2022 / Label : Communion Records / Pays d’origine : Belgique

Grosse révélation de l’année 2018, Tamino semblait presque sorti de nulle part lorsque l’album « Amir » débarqua, avec la participation d’un fan de la première heure à la basse, Colin Greenwood de Radiohead. Un invité de marque qui était le bienvenu pour la présentation mais qui s’est vite fait éclipser par l’aura et le timbre de Tamino. Devenu star presque malgré lui dans sa Belgique natale, catapulté sur le devant de la scène après avoir remporté un tremplin sur la radio nationale, il se retrouve vite comparé à des artistes tels que Jeff Buckley. Si la comparaison est pertinente, il a su s’en détacher rapidement grâce à son héritage issu des traditions musicales folk et rock du Moyen-Orient et d’Europe.

Avec « Sahar » on pourrait presque affirmer que l’on prend les mêmes et on recommence. Les fans du premier album ne seront en effet pas déçus par cette suite qui s’inscrit dans la même lignée. Pourtant ce nouveau chapitre voit le jeune homme timide trouver un écrin parfait pour sa poésie et son spleen. Fin 2019, il investit son appartement à Anvers, un petit cocon confortable avec juste assez d’espace pour accueillir un piano (son premier instrument), un petit kit d’enregistrement et sa collection de guitares. Cette configuration lui permet de se recentrer sur l’essentiel en composant sur un oud, un type de luth originaire des pays arabes dont il avait souvent entendu parler et dont il apprend à jouer par l’intermédiaire d’un réfugié syrien dénommé Tarek Alsayed.

Le résultat est plus intime, d’une certaine façon plus personnel, mais avec un pouvoir de séduction encore fort, car Tamino a affiné sa plume et la construction de ses chansons pour les rendre en définitive plus simples et instantanées. Et même si l’album est porté par un duo avec une autre star, sa compatriote Angèle sur le délicat « Sunflower », chaque titre de « Sahar » possède une profondeur d’âme et laisse planer sentiment de proximité (notamment sur « The Longing » en ouverture) mais aussi d’évasion sur « The Flame », « The First Disciple » et « A Drop of Blood » où l’on sent bien l’utilisation de l’oud, sans oublier des morceaux en apparence plus classiques tout aussi efficaces comme le bien nommé « Fascination ».

Tamino n’avait donc pas besoin de sortir de sa chambre pour nous faire voyager. « Sahar » est un album aussi superbe que délicat où son talent d’auteur-compositeur explose encore plus, un disque d’une rare finesse qui fait d’ores et déjà partie des disques incontournables de l’année 2022.