Date de sortie : 2 octobre 2006 / Label : Island Records – Universal / Pays d’origine : États-Unis

Il y a des signes qui ne trompent pas. Il y a deux ans nous découvrions avec plaisir ‘Hot Fuss’, un album qui, sans être intemporel, était bourré de tubes. Puis il y a eu la tournée française des Killers… à partir de là les choses ont déjà sérieusement commencé à se gâter. Devant un public de l’Elysée Montmartre voué corps et âme à la cause de ce nouveau groupe hype, les Killers ont assuré le strict minimum : jouer l’album, sans rappels, avec de surcroît un Brandon Flowers puant d’autosuffisance, ayant déjà perdu le sens des réalités et se prenant un peu trop pour la star qu’il n’était pas encore.

Du coup, dès février 2005, on a beaucoup moins écouté les Killers, plus avec le même plaisir en tout cas. Et pourtant le quatuor de Las Vegas n’a cessé de gagner en notoriété tout au long de l’année, quittant peu à peu la sphère indépendante pour s’adresser à un public de masse. Aujourd’hui c’est justement le public de masse qui va être content !

Le nouveau single, ‘When You Were Young’, est lui aussi un signe qui ne trompe pas : noyé sous les nappes de claviers, on reconnaît à peine les atouts qui avaient fait le succès de ‘Hot Fuss’. Mais où est donc passé cette basse claquante qui faisait tout le charme de ‘Jenny Was A Friend Of Mine’ ?… Etouffée, perdue quelque part sous la production aseptisée de Flood, qui avait déjà posé ses gros doigts sur le dernier album de Placebo. Un producteur qui n’a certainement plus la touche indé des années 90, lorsque les Smashing Pumpkins enregistraient avec lui ‘Mellon Collie And The Infinite Sadness’.

Quant à l’ego surdimensionné de Brandon Flowers, ça n’arrange pas non plus les choses. Dans une interview récemment accordée aux Inrocks, qui n’ont pas manqué d’en rire, le chanteur s’est presque uniquement exprimé sur les objectifs de vente de ‘Sam’s Town’, ça en dit long sur la sincérité du groupe…

‘Sam’s Town’, avec sa pochette d’un goût douteux comprend donc pas mal de titres pas plus pertinents. On croirait souvent entendre un dinosaure du rock, tel Queen, fatigué, en fin de carrière, avec tout le manque d’entrain que cela implique. Avec des choix stratégiques catastrophiques, tel ce son de clavier très années 80 très ‘cheap’ sur l’intro de ‘Read My Mind’. Quel manque de goût, alors que le reste de la chanson n’est pourtant pas si mauvais ! Des erreurs de débutants qui font un disque au dessus de leurs moyens.

On est déçu car on espérait tout de même que les Killers soient encore apte à nous divertir avec un peu plus de brio que cela. C’est pourtant le cas sur certains titres, il y a du bon tout de même, notamment le très entraînant ‘Bling (Confession Of A King)’ et son redoutable refrain, le seul morceau qui nous remémore l’efficacité du premier album. On peut aussi apprécier les mélodies de ‘When You Were Young’, ‘For Reasons Unknown’…

Pour le reste pas grand-chose à se mettre sous la dent. La production y est pour pas mal, mais le manque de mordant des compositions et la perte d’inspiration sont sans aucun doute les premières explications de cette déconfiture. Pourtant les Killers continuent aujourd’hui leur ascension, droit vers les stades. Un disque qui ressemble finalement pas mal à du U2 d’aujourd’hui, un disque ‘mainstream’, qui s’écoute assez bien dans l’ensemble, mais dont on ne retient pas grand-chose. ‘We hope you enjoyed your stay’ qu’ils disent… On les a juste un peu trop vite mis sur un piédestal, mais pour accéder au trône, il va falloir nous en montrer bien plus que cela.