1. For Everything
2. More Is Less
3. Green and Blue
4. Slowdance I
5. Slowdance II
6. On Twisted Ground
7. Feeling Fades
8. Don’t Cling To Life
9. How The Streets Adore Me Now
10. Love Love Love
Date de sortie : 16 août 2019 / Label : Human Season Records / Pays d’origine : Irlande |
Lorsque nous nous étions enthousiasmés pour le premier album de Shame l’an dernier, nous étions bien loin d’imaginer que ce disque serait le premier d’une longue série de coups de maîtres qui s’apprêtait à déferler dans nos oreilles. Idles, Fontaines D.C., Drahla, Girl Band et… The Murder Capital.
A ce petit jeu c’est Dublin, la capitale irlandaise, qui se démarque et prend désormais quelques longueurs d’avance. Si la sortie de l’album de Fontaines D.C. avait été un petit événement au printemps dernier, celui de The Murder Capital est un coup de tonnerre. Et eux aussi affichent leur références littéraires. Le quintet dublinois composé de James McGovern, Morgan Wilson, Damien Tuit, Matt Wilson et Cathal Roper nous présente « When I Have Fears », un titre qui fait directement écho au poème de John Keats du même nom, qui commence par le vers inquiétant « When I Have Fears That I May Cease To Be ». Cette peur de la mort hante cette œuvre de bout en bout. Leur poésie se mêle vite à un sentiment de rage et de désespoir, palpable dans leur musique qui ressuscite les sonorités Post Punk des années 80, mais aussi le spleen de The Cure au temps de « Seventeen Seconds » et « Faith », tout particulièrement sur le titre « Green & Blue » dont l’ambiance fait indirectement écho à des chansons telles que « The Hanging Garden » et « A Forest ».
Mais The Murder Capital n’est pas pour autant un nouveau Cure. Leurs riffs puissants et la voix grave de James McGovern leur confère une toute autre personnalité. Même s’il dégage une identité Punk, James McGovern s’en défend rapidement, affirmant qu’il serait trop facile d’enchaîner des titres hurlants à toute allure, « il est impossible de rester énervé aussi longtemps ». C’est là que se trouve aussi la clé de la réussite de « When I Have Fears ». Loin de crier son mal de vivre pied au plancher, il met toute son énergie dans les nuances et changements de tempo d’une œuvre qui se veut aussi percutante que rêveuse.
Après une entrée en matière plutôt énervée, l’album évolue donc vers des ambiances plus atmosphériques mais toujours inquiétantes, notamment « Slowdance I », précédée d’une superbe seconde partie instrumentale, mais aussi le très méditatif « On Twisted Ground » et son refrain final triste à pleurer sur lequel James McGovern répète avec un timbre empli de tristesse « You could’ve watched it all ». Et après la contemplation, la machine repart à plein régime : « Feeling Fades », « Don’t Cling To Life » et le renversant final « Love, Love, Love » … Car derrière les spectres et cette ambiance de mort, il est bien aussi question d’amour sur ce disque : poignant, douloureux ou déchu : « In the rain, the romance lay (…) » s’écrie-t-il avoir une voix totalement habitée…
Peut-être percevrez-vous à travers la brume Irlandaise les cris de détresse de ce groupe qui reflète aussi bien les travers et la dureté du monde actuel qu’un romantisme sombre et gothique présenté dans un écrin classique et lettré. Le magnétisme fou de « When I Have Fears » fera le reste. Jamais la douleur n’aura semblé aussi belle.
Pour plus d’infos:
Rock en Seine – Domaine de Saint Cloud – 25 août 2019 : galerie photos
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