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Date de sortie : 18 mai 2015 / Label : Partisan Records / Pays d’origine : Etats-Unis

Voici une artiste au sujet de laquelle nous aurions dû consacrer une chronique il y a deux ans déjà. La jeune Mackenzie Scott nous avait effectivement déjà impressionnés du haut de ses 22 ans avec son single ‘Honey’ et tout simplement tout son premier album éponyme qui était sorti à l’époque un peu avec les moyens du bord, d’où sa relative confidentialité. Mais quand le talent est vraiment là il ne peut pas rester secret bien longtemps. Et c’est le label Partisan Records (John Grant, Eagulls, Sylvan Esso) qui a eu la bonne idée de signer Torres, un pari qui risque fort d’être gagnant aussi bien pour le label que l’artiste.

Alors pourquoi autant d’excitation autour de chanteuse artiste allez-vous nous dire ? Probablement parce que sa musique nous touche, pas seulement parce que les mélodies nous plaisent, mais parce que l’on ressent d’un bout à l’autre du disque qu’elles viennent du cœur. Torres joue et chante avec ses tripes. Et elle le fait avec autant de fougue qu’une chanteuse qui avait sensiblement le même âge à ses débuts et nous criait la même rage, le même désespoir : PJ Harvey.

Bon je vous vois venir, encore la fille qui chante avec une guitare comparée à PJ Harvey… Oui, mais il faut tout de même ajouter qu’elle est partie enregistrer ‘Sprinter’ dans le Dorset avec Rob Ellis et Ian Olliver, c’est-à-dire la section rythmique de PJ Harvey sur ‘Dry’, les deux hommes étant réunis pour l’occasion pour la première fois depuis 23 ans. Et Rob Ellis en est également le producteur. Bref, toutes les conditions semblaient rassemblées pour faire renaître une atmosphère propice à la réalisation d’un album dont on se souviendra.

Et ça n’a pas raté. Torres nous chante, et parfois nous hurle le spleen qui hante sa jeunesse, et que l’on ressent tout particulièrement dans ses paroles, comme sur le très sombre ‘New Skin’ où elle s’exclame « I am a tired woman. In January I will just be 23 ». L’âge des doutes peut-être, mais aussi déjà celui de la maturité pour Torres qui a pas mal ‘musclé’ sa musique depuis son premier album, en nous balançant quelques chansons foudroyantes, à l’image du premier extrait dévoilé, ‘Strange Hellos’ qui est assez représentatif de l’atmosphère générale de l’album, une chanson qui monte en puissance, qui démarre tout doucement et explose subitement pour finir sur les chapeaux de roues. L’autre grand titre de l’album est certainement ‘Sprinter’, un morceau imparable, au refrain plus lyrique, qui a toutes les qualités d’un classique instantané.

Dans la seconde moitié de l’album elle nous dévoile néanmoins une autre facette de son personnage, moins noire, et orientée vers d’autres instruments, avec notamment plus de samples sur un ‘Cowboy Guilt’ qui n’aurait pas dépareillé sur un album de St Vincent. Elle semble presque apaisée et plus mélancolique vers la fin du disque lorsqu’elle nous interprète le poignant ‘The Harshest Light’. Elle termine ainsi, sur une ballade acoustique, avec en bruit de fond le chant des oiseaux, comme un signe d’apaisement. Et tout au long de ces changements d’atmosphère, notre cœur a battu pour Torres, pour sa musique, pour son authenticité. Une artiste rare, et un disque qui ne l’est pas moins.

Titres conseillés : à peu près tous!

Pour plus d’infos :

Lire l’interview de Torres, le 15 avril 2015

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