Date de sortie : 21 janvier 2022 / Label : Zen F.C. – Island Records / Pays d’origine : Angleterre

Un groupe à guitares peut-il encore arriver en tête des charts en 2022 ? En France, probablement pas, mais chez nos insondables voisins britanniques tout est possible, à tel point que le premier album de Yard Act, combo Post-Punk de Leeds, a raté la première marche de peu la semaine dernière. Mais au-delà des ventes, un tel plébiscite fait plaisir à voir, et à entendre, car la musique de ces quatre joyeux lurons (James Smith, Ryan Needham, Sam Shjipstone, Jay Russell) est bien plus colorée que ce que la pochette de leur album peut laisser entendre, avec de l’humour – noir – à revendre, le tout avec un accent so british qu’il est difficile de ne pas penser à quelques groupes qui ont fait les belles heures du genre, avec un phrasé à la Jarvis Cocker avec Pulp, ou bien ceux qui l’on fait renaître avec brio, comme l’excellent « Bang Rock & Roll » d’Art Brut sorti en 2006.

Yard Act se situe assurément dans ces eaux-là, avec un disque qui ne manque pas de fraîcheur derrière son héritage, qui égratigne avec un malin plaisir la société en observateur et commentateur à la langue bien pendue de ses travers. Si « The Overload » (‘la surcharge ‘) aurait tendance à aborder son sujet sous son angle le plus sombre, face à une jeunesse désespérée, James Smith, se met alors à balancer des conseils loufoques, avec un ton totalement barré (« Show some respect and listen to my advice/’Cause if you don’t challenge me on anything/You’ll find I’m actually very nice/Are you listening? I’m actually very fucking nice ») et pourtant tellement en phase avec la bêtise du monde. Un brillant exercice de style exécuté pied au plancher, sur une musique binaire et tendue, qui ne s’encombre pas d’une instrumentation trop envahissante, mais plutôt typique du rock des ‘lads’. Un album qui s’écoute donc parfaitement bien au pub, une bière à la main, mais qui s’écoute vraiment, car c’est bien le cocktail explosif guitares, paroles et attitude qui font de ce premier album l’un des meilleurs disques de Post-Punk de ces dernières années.

Le second degré de Yard Act fonctionne à merveille sur « Rich » qui se moque de l’avarice et du renfermement de son protagoniste. Il est d’ailleurs souvent question d’argent, que l’on en ait ou pas (« Payday »). L’ensemble va de pair avec une musique vraiment accrocheuse – dont « Quarantine The Sticks » et son excellente ligne de basse, « Land of the Blind » et son tour de magie final, ou le plus énervé et Punk à souhait « Witness (Can I Get A?) ». Autant d’éléments qui nous convainquent avec certitude que « The Overload » n’est pas un futur classique… c’est un classique instantané !