Le festival Rock en Seine aurait dû durer quatre jours l’an dernier, mais l’annulation de Rage Against The Machine avait eu raison de la dernière journée du festival. Pour l’édition 2023, le festival francilien n’a pas connu les mêmes mésaventures et s’est offert LA tête d’affiche la plus demandée au monde aujourd’hui : Billie Eilish. Il s’apprêtait pourtant à faire face à une bien mauvaise surprise le soir de sa clôture… 27, 25, 26 et 27 août : quatre jours de festival pendant lesquels nous avons assisté à 27 concerts sur les 76 proposés par Rock en Seine, n’ayant toujours pas le don d’ubiquité. Une édition marquée par la qualité des nombreux groupes présents en journée, plus que ses têtes d’affiches, hormis l’immense attente suscitée par la venue de Billie Eilish.
JOUR 1 :
Le mercredi était une journée un peu à part dans le programme de Rock en scène, avec seulement deux scènes ouvertes et sept concerts, 100% féminins. Alors que Tove Lo chauffait un public déjà en effervescence et nombreux sur la grande scène, nous avons décidé de commencer notre festival avec Hannah Grae sur la scène Firestone. Une jeune chanteuse qui avait de l’énergie à revendre, et des hits Indie Pop Rock bien troussés, un peu à la manière d’Olivia Rodrigo, qui devraient vite lui permettre de séduire un plus large public si elle continue dans cette voie.
Et l’énergie a continué de monter avec Girl In Red en début de soirée sur la grande scène, elle-même une « icône » de la scène Indie qui allait en précéder une autre, plus Pop, plus grosse : Billie Eilish. Devant un public conquis d’avance et serré comme dans une boîte de sardines, l’américaine a fait le show que l’on attendait d’elle : millimétré, avec des animations vidéo, des lumières et évidemment des tubes à profusion, mais aussi suffisamment de sourires et d’échanges avec la foule pour ne pas faire de ce concert qu’un grand clip en taille réelle. Contrat rempli haut la main pour cette première soirée.
JOUR 2 :
Nous sommes arrivés relativement tard le vendredi, pour assister au concert des Français d’En Attendant Ana sur la scène du Bosquet, alors que les Viagra Boys font Rage non loin de là. Mais c’est avec Boygenius que le festival prend son envol, grâce à l’alchimie dégagée par le trio composé de Phoebe Bridgers, Lucy Dacus et Julien Baker, et la qualité de leurs compositions jouées dans une verve particulièrement Rock.
Retour sur la scène du Bosquet pour une autre artiste française, Silly Boy Blue qui, ravie d’être là, a aussi tout donné. Désormais trop loin de la grande scène pour Aller voir Christine and The Queens, nous nous rabattons sur la scène Firestone pour Pogo Car Crash Control, et là c’est la claque. Le Punk teinté de Metal du groupe de Seine et Marne fait mouche et séduit un public assez nombreux à l’heure où des têtes d’affiches bien plus connues se préparent à jouer.
On se dirige ensuite tranquillement vers la scène de la Cascade où Fever Ray prend place pour un concert à la fois hypnotique et dansant, porté par le chant et les chorégraphies impeccables de ses membres, même si quelques coupures sonores viennent un peu perturber l’écoute. Puis direction Placebo, tête d’affiche sur la grande scène. Bien que nous ne les écoutions plus tellement sur disque depuis quelques années, Brian Molko a su communiquer avec son public – moins nombreux que pour Billie Eilish – et fait le job dans une prestation maîtrisée, bien qu’un peu avare de « vieux » tubes.
JOUR 3 :
Nous entamons la journée du samedi en plein soleil pour écouter Ethel Cain sur la scène de la Cascade. Une belle découverte Indie Pop qui a déjà un public bien dévoué et que certains comparent – peut-être à tort – à Lana Del Rey, car son répertoire semble un peu différent, plus varié, mais c’est elle aussi une star en puissance. Nous repartons vers la grande scène pour apprécier le rock turc teinté de psychédélisme d’Altin Gün qui, avec son set coloré, fait souffler un vent d’Est sur Rock en Seine, avant d’aller voir la star israélienne Noga Erez qui navigue entre Pop, Rock, Rap et Electro avec un charisme certain, et propage là encore un véritable air de fête.
Nous aurions pu continuer dans cette veine Pop avec l’Impératrice mais préférons retourner vers la petite scène Firestone pour prendre un bain de Rock British avec The Amazons, avant de voir le magnifique set de Tamino qui a envoûté son public avec son incroyable voix… Juste 30 minutes, car nous ne voulions pas manquer non plus Dry Cleaning et son énigmatique chanteuse Florence Shaw, peut-être pour se consoler de ne pas pouvoir voir l’autre Florence et sa Machine remplacée au pied levé par Cypress Hill qui, nous dit-on, ont fait un excellent concert. Nous n’y avons pas assisté, trop occupés à secouer de la tête sur le set endiablé de Coach Party.
Mais ce sont les très attendus Yeah Yeah Yeahs qui ont sans doute donné le meilleur show de la soirée, on les aurait bien vus sur la grande scène… Il faut dire que les Chemical Brothers attirent les foules, et même si on les voit assez peu derrière leurs platines, la scénographie est excellente. On a même pu les apercevoir sourire (ce qui ne serait pas le cas de la tête d’affiche du lendemain soir…).
Bien que charmés par leurs tubes et les animations qui accompagnent leurs titres, nous ne pouvons nous empêcher de traverser le parc de Saint Cloud pour aller voir Ada Oda qui menaient une fête plus Rock de l’autre côté du site du festival, et en Italien, devant un millier de personnes qui ont, elles aussi, fait le (bon) choix de la découverte.
JOUR 4 :
Il fallait arriver tôt le dimanche pour ne pas manquer Angel Olsen, sur scène dès 13h50. Et nous n’allions pas chômer en cette dernière journée très chargée. Ne voulant pas rater une miette de son concert, nous n’avons malheureusement pas le temps d’aller voir Nova Twins et nous nous consolons avec la Pop Folk un peu lisse de Gigi Perez, plus proche de la scène de la Cascade où Gaz Coombes enchaîne après Angel Olsen pour un show classieux. Nous n’en attentions pas moins du leader de Supergrass et de ses excellents musiciens que nous avions déjà vu deux fois dans le passé.
Nous l’avions aperçue dans le public d’Angel Olsen : Snail Mail nous invitait peut-être inconsciemment à la rejoindre la grande scène, mais c’est The Murder Capital que nous attendions vraiment (encore une fois de l’autre côté !) et les Irlandais n’ont pas déçu : James McGovern était déjà prêt à se jeter dans le public au bout de deux titres.
A partir de là tout monte en puissance : Amyl & The Sniffers nous balancent un show punk à souhait sur la grande scène et met la foule de Rock en Seine dans sa poche – définitivement l’un des temps forts du festival – Wet Leg fait danser la foule sous une pluie battante avec ses tubes mais arrête un peu plus tôt que, peut-être faute de morceaux. Bien que plus ancien, Be Your Own Pet perpétue la veine Punk d’Amyl & The Sniffers sur la petite scène Firestone cette fois-ci, et puis Foals met tout le monde d’accord dans un concert à l’énergie dantesque, gonflé comme les bras musclés de Yannis Philippakis, eux qui furent tête d’affiche du festival il y a quelques années et que nous voyions pour la quatrième fois à Rock en Seine depuis 2008..
Et puis viennent The Strokes… En retard… Oh as trop, à peine dix minutes, mais peut-être déjà assez pour se dire que quelque chose ne tournait pas rond, même s’ils n’en étaient pas responsables puisqu’ils devaient attendre la fin du set de Bonobo en face, sur la scène de la Cascade. Les Américains n’avaient déjà pas forcément bonne réputation sur scène, mais avec de telles chansons nous nous disions que dans le pire des cas nous nous en contenterions : nous étions loin du compte. Caché dans la pénombre, le groupe n’est (presque) jamais parvenu à jouer de façon cohérente, miné par un Julian Casablancas dans un état second qui avait décidé de faire cavalier seul, sans se soucier de son public… ni de son groupe. Hautain et moqueur face à un public éberlué face à cette performance aux allures de répétions, entrecoupée d’improvisations approximatives, de monologues interminables et de blagues qui tombent à l’eau, d’un chant catastrophique, sans parler des problèmes de son, The Strokes ont brillé par leur pauvreté, indignes de leur statut, et assez détestables à regarder. On se demandait ce que ses quatre-là faisaient ensemble, et eux-mêmes semblaient se poser la même question. Il fallait vraiment être aveuglément fan pour ne pas être critique et forcément déçu face à une telle déconfiture. Une partie du public n’a d’ailleurs pas attendu la fin pour quitter le site du festival.
Une triste fin pour un événement dont on retiendra néanmoins beaucoup de bons moments, et surtout en journée. Rock en Seine a su proposer une programmation variée où les découvertes se sont souvent montrées plus excitantes que les têtes d’affiche. Merci les groupes indés, vous avez assuré !
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