On se souvient d’un temps où St. Vincent n’attirait pas encore les foules, où seuls quelques « happy few » étaient présents pour assister aux prestations de cette jeune chanteuse très prometteuse. Une première partie à la Maroquinerie en 2009 à Paris notamment, pendant laquelle Annie Clark, seule devant une tonne de câbles, construisait ses chansons devant le public. Puis un Café de la Danse en 2011, probablement notre meilleur souvenir. Déjà la notoriété de l’américaine était montée d’un cran et c’est avec son groupe qu’elle enflamma la salle, car ses précédents concerts européens étaient en solo pour des raisons financières, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. En 2014, à la Cigale, quelque chose avait déjà changé, St. Vincent transposait toute l’ambition de son album éponyme dans un show haut en couleurs, parfaitement préparé, avec un jeu de scène chorégraphié maîtrisé de bout en bout par Annie Clark et son groupe.
2017 : St. Vincent, auréolée d’un Grammy Award deux ans plus tôt, est de retour avec un statut de star internationale qu’elle n’a pas volé, et un disque qui reflète bien cette nouvelle stature. Côté surprises, le spectacle auquel nous avons assisté a tenu ses promesses. C’est, bien au-delà de sa musique, une artiste visuelle, et cette nouvelle tournée s’efforce de mettre en avant l’étendue de ses talents. On ne va pas vous mentir, ce concert a suscité des réactions très contrastées, entre les convaincus qui crient au génie et les sceptiques ou les déçus qui ont plutôt vu là leur pire concert de l’année.
Explications. C’est sûr, Annie Clark était seule. Pas de groupe, et surtout en première partie son court métrage, puis un set de 30 minutes… de St. Vincent. Le film, bien évidemment décalé, était fort bien réalisé et donne un premier aperçu de ses ambitions de réalisatrice, mais ce type de projection est souvent mal adapté à une salle où le public debout attend « du live ». Ensuite la première partie, c’était un peu « la St. Vincent d’avant », qui, sous sa tenue totalement extravagante, nous joua d’abord ses titres les plus anciens. Niveau jeu (de guitare) elle n’a plus rien à prouver, et le fait de la voir changer de place et les rideaux s’ouvrir progressivement entre chaque morceau était plutôt séduisant. Mais ces versions épurées, où seule la guitare était le véritable instrument joué en live pouvaient aussi légèrement frustrer, comme si l’on assistait à un grand showcase au lieu d’un concert.
Puis arriva le set à proprement parler. Le rideau tombe et la St. Vincent « star » vient prendre la place d’Annie Clark, avec un nouveau costume. Les écrans s’allument et elle nous joue avec beaucoup d’énergie les titres de son nouvel album « Masseduction » … dans l’ordre. C’est très propre, même si le son de basse 80’s pouvait faire effet de repoussoir pour certains. En vérité c’était même trop propre, à tel point que si elle avait chanté en playback on aurait à peine senti la différence. L’instrumentation était exactement celle du disque, puisque la musique était diffusée en arrière-plan et il ne lui restait plus qu’à jouer de la guitare par-dessus, avec en toile de fond ses clips diffusés sur grand écran. St. Vincent sur le mur, St. Vincent seule devant, l’ensemble avait des allures de spectacle à la gloire de son auteure. Mais l’absence d’un groupe offre également une certaine facilité, et un côté « karaoké » à certains morceaux comme « New York » qui auraient bien mérité d’avoir un vrai piano en accompagnement.
Bref, un show visuellement impeccable mais en manque d’humanité, d’émotions. Lorsque l’album se termine le concert aussi. Pas de rappels, ce qui, vu le concept de la soirée, n’était pas une surprise. En tout cas cette tournée n’aura pas fini de faire parler.
Set list:
The Birthday Party (film)
1ère partie :
1. Marry Me
2. Now, Now
3. The Strangers
4. Actor Out of Work
5. Cruel
6. Cheerleader
7. Strange Mercy
8. Digital Witness
9. Rattlesnake
10. Birth in Reverse
2ème partie : « Masseduction »
1. Hang On Me
2. Pills
3. Masseduction
4. Sugarboy
5. Los Ageless
6. Happy Birthday, Johnny
7. Savior
8. New York
9. Fear The Future
10. Young Lover
11. Dancing with a Ghost
12. Slow Disco
13. Smoking Section
Pour plus d’infos :
Lire la chronique de « Masseduction » (2017)
Interview, Paris, mardi 18 février 2014
Galerie photos du concet à la Cigale, le mardi 18 février 2014
DAVID BYRNE & ST. VINCENT – Love This Giant (2012)
‘Strange Mercy’ (2011)
Lire l’interview de St. Vincent, le vendredi 24 juin 2011
Galerie photos du concet au Café de la Danse, le Mercredi 30 novembre 2011
‘Actor’ (2009)
‘Marry Me’ (2007)
La Maroquinerie, Paris, dimanche 26 avril 2009 : compte-rendu / galerie photos
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