Nous avons souvent vu PJ Harvey en concert depuis une petite vingtaine d’années. Nous l’avons connue in-extremis en rockeuse déchaînée sur la tournée « Uh Huh Her » au Zénith de Paris en 2004, lors d’une mémorable prestation, puis en compagnie de son complice John Parish sur « A Woman A Man Walked By » au Bataclan en 2009. Ensuite par deux fois sur la tournée de « Let England Shake » en 2011 : la première lors d’un concert très intime à la Maroquinerie, puis un autre à l’Olympia. Nous en retenons un étrange sentiment car elle n’avait paru jamais aussi distante que sur cet album qui faisait pourtant partie de ses plus aboutis. Elle nous a même semblé plus proche à l’occasion de son concert en tête d’affiche à Rock en Seine en 2017.
Nous ne savions pas à quoi nous attendre pour ce concert à l’Olympia, craignant que son nouvel album « I Inside the Old Year Dying » ne soit pas adapté à une salle d’une telle taille. Non seulement PJ Harvey a effacé tous nos doutes en un rien de temps, mais elle a su nous offrir lors de cette deuxième soirée d’affilée dans la mythique salle parisienne une prestation dont on se souviendra longtemps. Un concert en deux parties, dont la première était exclusivement consacrée à son nouvel album, posé et poétique, avec ses chansons, adaptées de son recueil de poésie Orlam publié en 2022, présentées sous une forme à la fois intime et théâtrale, avec une Polly Jean vêtue d’une robe de soie blanche, déambulant de part et d’autre de la scène. Si un certain manque d’attention se fit sentir parmi quelques spectateurs en fond de salle dont les discussions couvraient parfois la musique, cet exercice s’est toutefois avéré être une excellente surprise qui donne envie de se replonger dans ce nouvel album.
Bien entendu nous attendions aussi, comme tout le monde, les « tubes » de PJ Harvey. Mais ce sont ses musiciens – le batteur Jean-Marc Butty, le multi-instrumentiste Giovanni Ferrario, James Johnston et son complice de longue date John Parish – qui ont d’abord assuré la transition entre nouveaux et anciens titres, avec une magnifique interprétation de « The Colour of the Earth », une chanson qui allait lancer une deuxième partie de concert mémorable devant un public particulièrement enthousiaste, pendant laquelle PJ Harvey allait progressivement remonter le temps, interprétant quelques classiques issus de ses albums « Let England Shake », « Is This Desire? », « To Bring You My Love », « Rid of Me », « Dry », avant de terminer en rappel sur « White Chalk ». Bref, si l’on omet ses deux disques avec John Parish, seuls deux albums manquèrent à l’appel : « The Hope Six Demolition Project » (2016) et son best-seller « Stories From The City, Stories From The Sea » (2000). Peut-être ces deux derniers étaient-ils moins adaptés à l’atmosphère de la soirée, peut-être ne peut-on simplement pas tout jouer lors d’un concert. Quoiqu’il en soit, cette soirée absolument parfaite de la part de l’anglaise nous a ravis en tous points. L’une de ses meilleures prestations depuis longtemps, jamais n’avait-elle autant donné l’impression de rencontrer son public, sans avoir même à lui parler avant les rappels. Si nous avions pu l’oublier avec le temps elle nous rappelle donc avec maestria à quel point sa musique et sa carrière nous touchent. Il n’y a qu’une seule reine, et c’est bien PJ Harvey.
Set list : I inside the old year dying
1. Prayer at the Gate / 2. Autumn Term / 3. Lwonesome Tonight / 4. Seem an I / 5. The Nether‐edge / 6. I Inside the Old Year Dying / 7. All Souls / 8. A Child’s Question, August / 9. I Inside the Old I Dying / 10. August / 11. A Child’s Question, July / 12. A Noiseless Noise
13. The Colour of the Earth (Band only)
Oldies
14. The Glorious Land / 15. The Words That Maketh Murder / 16. Angelene / 17. Send His Love to Me / 18. The Garden / 19. The Desperate Kingdom of Love / 20. Man-Size / 21. Dress / 22. Down by the Water / 23. To Bring You My Love / Rappel : 24. C’mon Billy / 25. White Chalk
Pour plus d’infos :
Chroniques :
I Inside the Old Year Dying (2023)
The Hope Six Demolition Project (2016)
Let England Shake (2011)
A Woman A Man Walked By (2009)
White Chalk (2007)
The Peel Sessions 1991 – 2004 (2006)
Uh Huh Her (2004)
Stories From The City, Stories From The Sea (2000)
To Bring You My Love (1995)
Festival Rock en Seine – Domaine National de Saint Cloud – Samedi 26 août 2017 : galerie photos
L’Olympia, Paris, jeudi 24 février 2011 : compte-rendu
Lire le compte-rendu du concert au Bataclan, Paris, le dimanche 17 mai 2009
Lire le compte-rendu du concert au Zénith, le mercredi 23 juin 2004 / Galerie photos
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