1. Rider to the Sea
2. No More Words
3. Desire
4. Suzanne and I
5. First We Kiss
6. The Devil
7. Blackout
8. I’ll Be Your Man
9. Morning Light
10. Love Won’t Be Leaving
Date de sortie : 17 janvier 2011 / Label : Domino Records / Pays d’origine : Royaume-Uni |
Voici une artiste dont on connaissait à peine le nom il y a 3 mois, et qui semble aujourd’hui tellement indispensable que l’on ne s’imagine plus vivre sans sa musique : Anna Calvi. Cette jeune chanteuse londonienne a bénéficié d’un buzz grandissant tout au long de l’année 2010 suite à quelques concerts paraît-il mémorables, que ce soit à la soirée ‘Custom’ du Nouveau Casino en juin dernier en compagnie de Chief et Clinic, ou bien au dernier festival des Inrocks. Trop beau pour être vrai peut-être, mais il ne s’agissait pas du tout d’une baudruche…
Aujourd’hui le premier album d’Anna Calvi est sur le point d’atterrir dans les bacs (le 17 janvier) et une chose est sûre, plus rien ne sera jamais vraiment pareil, ni pour elle, ni pour nous. D’elle, on ne connaissait jusqu’ici que ‘Jezebel’, reprise d’une chanson écrite en 1951 par Wayne Shanklin choisie comme 1er single, dans une étonnante version pleine de rage. Ce bel avant-goût, qui ne figure pas sur l’album, n’était pourtant que l’arbre qui cache la forêt, car Anna Calvi semble avoir bien plus à nous offrir avec son propre répertoire d’une étonnante maturité pour une artiste qui sort un 1er album.
Déjà les comparaisons les plus prestigieuses fusent, de Jeff Buckley à PJ Harvey, et si elles semblent bien fondées, elles ne sont qu’une facette de ce passionnant personnage. Auteur-compositeur, Anna Calvi nous présente aujourd’hui une collection de 10 titres renversants. On ne voit pourtant presque pas la tornade arriver, après une introduction calme et instrumentale (‘Rider To The Sea’) où l’on décèle pourtant déjà une tension sous jacente et une multitude d’influences, notamment ici le grand Ouest américain, celui des BO d’Ennio Morricone, mais aussi une touche de Flamenco.
C’est bien là tout ce qui fait la richesse d’Anna Calvi : ne pas limiter ses compositions à de simples chansons ‘Rock’, mais leur insuffler une grande part de variété, et particulièrement via sa culture Classique. On la sent aussi virtuose qu’inspirée. Bref, si le début de l’album peut effectivement évoquer par son chant et son instrumentation les premiers PJ Harvey, elle s’envole ensuite vers d’autres sphères. Premier grand choc : ‘Desire’ où celle-ci donne de la voix avec puissance et subtilité, le tout renforcé par quelques judicieux roulements de batterie, et puis vers la fin, à partir de 2’20 pour être précis, cette voix plutôt grave devient légère et s’envole. Et l’album en fait de même. Nous voilà donc partis avec elle pour un voyage où son chant nous porte de bout en bout, sur le plus direct ‘Desire’, où les violons et quelques notes de xylophone viennent se mêler aux guitares / basse / batterie. C’est épique, et ça l’est peut-être encore plus par la suite, sur l’intro imparable de ‘Suzanne And I’, puis sur le magnifique ‘First We Kiss’ où le chant d’Anna Calvi évolue vers celui d’une improbable Edith Piaf Anglo-Saxonne, sur un crescendo final bouleversant.
Avec ses chansons teintées de noirceur et de romantisme (‘The Devil’, ‘Morning Light’) Anna Calvi crée déjà un univers très identifiable, tout en laissant un peu de place pour des titres plus enjoués à l’image de ‘Blackout’. Enfin, le disque se termine un peu comme il a commencé, sur un morceau qui serait une belle bande originale de film, un ‘Love Won’t Be Leaving’ orchestral et envoûtant. Elle chante avec son coeur. On ne s’en relèvera pas.
A l’heure où nous écrivons, nous ne sommes que le 10 janvier 2011, l’album ne sort que dans une semaine et on s’imagine pourtant bien mal entendre mieux cette année. Cette œuvre, mais d’abord et avant tout cette artiste, s’annonce d’ores et déjà essentielle. Une étoile est née.
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Pour plus d’infos :
Black Session #322, Paris, lundi 17 janvier 2011 : compte-rendu / galerie photos