1. Let England Shake
2. The Last Living Rose
3. The Glorious Land
4. The Words That Maketh Murder
5. All And Everyone
6. On Battleship Hill
7. England
8. In The Dark Places
9. Bitter Branches
10. Hanging In The Wire
11. Written On The Forehead
12. The Colour of The Earth
Date de sortie : 14 février 2011 / Label : Island – Universal / Pays d’origine : Royaume-Uni |
Il y a un mois de cela, certains auraient presque mis PJ Harvey prématurément à la retraite, suite à la sortie de l’album d’Anna Calvi. C’était quand même aller un peu vite en besogne… Certes, la relève semble aujourd’hui grandement assurée, mais de là à enterrer Miss Harvey, c’était bien mal connaître cette grande dame du Rock, qui nous a tant donné et semble avoir encore beaucoup à nous offrir aujourd’hui. Oh, bien sûr on a le droit d’être nostalgique des années 90, de la rage de ‘Dry’ ou ‘Rid Of Me’, de la classe de ‘To Bring You My Love’, mais PJ Harvey n’a jamais été connue pour faire du sur place. On aura beau dire ce qu’on veut sur cette décennie passée, être plus critique quand à son oeuvre, elle ne s’est jamais laissée aller à la facilité. C’était le cas de ‘White Chalk’ en 2007, sur lequel elle abandonnait totalement les guitares pour se dédier à son auto harpe. Et même si l’album sorti en 2009 avec John Parish laissait entrevoir un retour à quelque chose de plus tranchant, c’est un disque complètement différent qu’elle nous présente une fois encore.
Pas tellement direct au premier abord, un rien expérimental, ‘Let England Shake’ résonne fait un peu écho à ‘Is This Desire?’ sorti en 1998. PJ Harvey est loin d’emprunter une route toute tracée. A travers ce disque, dont l’ambiance est plutôt calme, elle nous parle de l’Angleterre d’aujourd’hui. Une oeuvre où l’on n’a même pas besoin de comprendre les textes pour voir de quoi il en retourne. Son premier disque résolument politique. Lorsque la fanfare de cavalerie se fait entendre sur ‘The Glorious Land’ (qui sera plus loin relayée par ce refrain ‘Oh America… Oh England’) le message est clair. L’implication du Royaume-Uni dans d’inutiles guerres … Ensuite lorsque l’on se penche plus en profondeur sur les paroles, cette virulente critique prend tout son sens, non seulement sur ce titre (« How is our glorious country ploughed? », c’est-à-dire, « comment est labouré notre glorieux pays), mais aussi sur tout le reste. ‘The Words That Maketh Murder’, qui illustre les dégâts physiques et psychologiques de la guerre, le cinglant « England’s dancing days are done » sur ‘Let England Shake’ et tant d’autres exemples encore…
Tout ça c’est très bien, mais musicalement, ça donne quoi ce nouveau PJ Harvey? Et bien à l’image de ses textes, voici certainement son album le plus audacieux depuis bien longtemps. On ne vous dira pas qu’elle a viré dans l’électro, mais elle en a utilisé comme elle ne l’avait jamais fait auparavant, notamment en brouillant sa voix sous de nombreux effets, et ce dès ‘Let England Shake’ qui ouvre l’album, où son timbre très aigu et enfantin vient contrebalancer la noirceur du propos. C’est aussi le cas du très étonnant ‘Written On The Forehead’, le premier titre de l’album qui avait été dévoilé et qui avait laissé planer beaucoup de doutes quand à ce que serait ce nouvel album, avec des choeurs empruntés à la World Music sous des textures électroniques (on en entend quelques choeurs dans le même esprit sur le refrain de ‘England’).
Mais plus on écoute cet album, plus on se rend compte qu’il n’est pas aussi différent qu’il n’y paraît. De nombreux titres tels que ‘The Last Living Rose’ (une belle métaphore de l’Angleterre une fois encore), ‘All & Everyone’, ‘In The Dark Places’ ou ‘Bitter Branches’ sont des compositions à la construction bien plus Rock et proches de son répertoire passé.
Quoiqu’il en soit, PJ Harvey démontre avec cet album qu’elle est loin, très loin de faire du sur place. Passé l’effet de surprise, ce disque se bonifie (vite) au fil des écoutes et reflète la période de grande créativité que traverse son auteure. Elle a des choses à nous dire et tout le talent pour se faire entendre. Voici du grand PJ harvey.
Titres conseillés : A peu près tout!
Pour plus d’infos:
Pour plus d’infos :
Chroniques :
A Woman A Man Walked By (2009)
White Chalk (2007)
The Peel Sessions 1991 – 2004 (2006)
Uh Huh Her (2004)
Stories From The City, Stories From The Sea (2000)
To Bring You My Love (1995)
L’Olympia, Paris, jeudi 24 février 2011 : compte-rendu
Lire le compte-rendu du concert au Bataclan, Paris, le dimanche 17 mai 2009
Lire le compte-rendu du concert au Zénith, le mercredi 23 juin 2004 / Galerie photos