Comme tous les ans, la fin de l’été annonce quelques orages, mais c’est un véritable coup de tonnerre qui s’apprête à nous tomber dessus fin août : Royal Blood, d’abord en concert à Rock en Seine, et dans la foulée avec la sortie de leur premier album éponyme. Avec son énergie débordante et ses singles coups de poing, ce duo de Brighton est le grand espoir à suivre de la rentrée!
Pour faire un peu connaissance avec Royal Blood, pouvez-vous me parler un peu de vos origines, d’où vous venez, et comment le groupe s’est formé ?
Mike : On s’est rencontré à un concert, quand j’avais 15 ans, Ben est un peu plus vieux. Il jouait déjà de la batterie à ce moment-là, et nous sommes devenus amis lors de ce concert. Les amis que j’avais alors devinrent aussi les amis de ses amis, ce qui faisait un bon groupe de personnes qui faisaient tous de la musique. Nous étions tous dans des groupes différents, puis Ben et moi nous sommes retrouvés ensemble. C’était probablement inévitable, on s’entendait très bien. Dans ce groupe Ben jouait de la guitare et moi du clavier. Nous avons toujours fait de la musique ensemble depuis, dans des mariages et toutes sortes de projets étranges et superbes. Après j’ai voyagé un peu, je suis revenu 9 mois plus tard et on a créé Royal Blood.
Pourquoi avez-vous choisi de vous appeler Royal Blood ? Y-a-t-il une connotation avec le fait que vous soyez Britanniques, ou un message derrière ce nom ?
Mike : Non, à vrai dire on n’a rien trouvé de mieux ! On aimait la manière dont ça sonnait. On aime aussi toutes les connotations qu’il implique, mais il n’y a pas d’intention particulière derrière. C’est juste un nom !
Vous êtes originaires de Brighton, une ville connue pour quelques artistes plus Pop tels que Bat For Lashes, Fatboy Slim. A l’exception de Blood Red Shoes peut-être, vous êtes-vous sentis à un moment donné isolés de la scène locale avec votre musique plus Rock ?
Mike : Non, Brighton est une ville où tous les genres sont les bienvenus et il y a donc plein de styles de musiques différents qui en émergent. Rien qu’en prenant les noms que tu viens de citer, ils sont tous très différents. Des gens comme Blood Red Shoes sont des personnes que nous connaissons et avec qui nous nous entendons très bien, ils sont super. Dont c’est un endroit très amical, c’est presque impossible de ne pas s’y sentir le bienvenu, il y a plein de gens magnifiques !
J’imagine que vous trouvez vos influences dans des groupes Stoner ou Grunge, principalement américains, et peut-être un peu de Rock 70’s britannique, pouvez-vous me dire qui sont-elles ?
Mike : Oui, Nirvana, Jimi Hendrix, Queens Of The Stone Age, Jack White, Black Sabbath, Jeff Buckley…
Ben : Led Zeppelin!
Mike : Led Zeppelin oui… Ce sont juste nos influences ‘Rock’, mais c’est un peu un mélange de tout en fait, de la musique la plus lourde jusqu’à l’auteur compositeur.
Je n’ai pas mentionné Jack White parce que j’ai vu son nom dans beaucoup d’articles et d’interviews à votre sujet, et en fait je ne vois pas vraiment pourquoi les gens font cette comparaison.
Mike : Merci ! Merci de t’en rendre compte !
Pour moi vous sonnez beaucoup plus comme Queens Of The Stone Age, et peut-être les débuts de Muse, dans la façon de chanter.
Ben : Oui. On nous compare souvent aux White Stripes parce qu’on est deux, comme eux.
Les groupes à deux, ça ne manque pas !
Mike : C’est vrai qu’on nous compare souvent à des duos, à part Simon & Garfunkel !
Vous avez déjà ouvert pour de très gros groupes en tournée, comme les Arctic Monkeys, Interpol, qu’avez-vous appris à leur contact ?
Mike : Je pense qu’on a surtout appris de notre propre expérience, en faisant ces concerts. On ne voulait pas s’assoir sur leurs genoux pour être nourris. On a appris à jouer de gros concerts, en dehors de notre zone de confort. Et donc tout ce que l’on a appris était surtout en nous-même, sur scène.
Je suppose que maintenant vous jouez aussi en tête d’affiche, au moins au Royaume-Uni ?
Ben : Oui, on a fait notre première tournée en tête d’affiche en février dernier. On n’en a pas fait depuis. On était sur la tournée NME mais ce n’était pas la nôtre, donc on a hâte d’en refaire une plus tard cette année, une fois que l’album sera sorti.
En revenant aux Arctic Monkeys, ils vous ont beaucoup soutenu. Qu’est-ce que ça fait d’avoir de tels fans ?
Mike : C’est super !
Ben : Oui, avoir le soutien d’un groupe que tu respectes et que tu as écouté en grandissant c’est extrêmement bon !
J’ai aussi lu que Jimmy Page était venu vous voir en concert à New York ?
Mike : Là aussi, oui, c’était génial. C’est Jimmy Page quand même ! On a parlé, il est venu nous voir jouer…
En parlant de célébrité, l’attention que vous avez reçue ces derniers mois au Royaume-Uni, sur une courte période, a été plutôt énorme. Vous sentiez-vous prêts pour ça ?
Ben : Tu n’es jamais prêt pour ce genre de choses !
Mike : On sait exactement ce que l’on veut faire. On n’avait pas anticipé ça, mais c’est ce que l’on a toujours voulu faire. Donc tu es préparé jusqu’à un certain point. Mais bon, on peut encore marcher normalement dans la rue, on n’est pas « célèbres ». On a juste l’opportunité de faire de gros concerts à travers le monde… Jusqu’ici tout va bien !
Et ça vous plaît de tourner dans le monde entier ?
Mike : Oui, à un moment donné on a mis le pied sur l’accélérateur, mais on est en partie responsable de ce qui nous arrive. Mais comme on fait ce qu’on aime ce n’est pas vraiment un problème.
Il n’y a donc que 2 membres dans le groupe ; avez-vous déjà ressenti l’envie ou le besoin d’en recruter d’autres, ou est-ce que ce line-up vous convient ?
Mike : Non, tout sonnait déjà grand et gros pour nous deux. On n’a cherché personne d’autre, à vrai dire on n’en a même pas parlé.
Est-ce que ça rend vos chansons plus difficiles à reproduire sur scène, par rapport à leurs versions studio ?
Mike : Non, parce qu’on écrit nos chansons « live » et ensemble. Donc pour l’enregistrement nous faisons la même chose. Les deux sont identiques. Il n’y a pas d’extra. On ne fait pas un gros disque plein d’arrangements pour se tirer ensuite dans le pied.
Pour le moment vous avez sorti quelques singles très accrocheurs comme ‘Out Of The Black’ ou ‘Little Monster’. Peut-on s’attendre à ce que l’album soit dans la même veine ?
Ben : Ce sont sans aucun doute des saveurs de cet album. Il y a différentes choses mais je pense que ces chansons montrent bien où nous en sommes, notamment ce à quoi il faut s’attendre en terme de son.
Il y a un titre en particulier que vous êtes impatients que le public l’entende ?
Mike : Oui, probablement le dernier titre de l’album, si tu arrives jusque-là !
Ben : Une autre qui s’appelle ‘Loose Change’ aussi. Elle est vraiment agréable à jouer, et un peu plus légère je suppose.
Quand vous enregistrez vos chansons, comment obtenez-vous votre son ? Il n’y a pas de guitares électriques comme on peut le supposer en écoutant les chansons, parce qu’on a l’impression qu’il y en a…
Mike : Non, pas de guitares. Il y a juste beaucoup d’amplis en fait ! Je garde en fait mon secret de fabrication, c’est encore à découvrir !
Justement, vous n’avez jamais été tenté d’être un duo guitare/batterie, comme Blood Red Shoes par exemple ? Cela aurait pu rendre les choses plus faciles ?
Mike : Je n’ai jamais eu de guitare électrique… mais en fait tu pourrais leur poser la même question, pourquoi n’ont-ils pas essayé la basse. Je ne sais pas, j’ai toujours eu une basse alors je n’ai rien essayé d’autre et ça semble bien fonctionner.
Oui, en fait je vous disais guitare/batterie parce qu’il semble que la palette des possibilités en terme de mélodies soit plus large, mais vous parvenez à prouver le contraire avec vos chansons !
Mike : Oui, c’est ce que j’allais dire en fait. Je n’étais pas d’accord parce que je trouver qu’il y a plus de possibilités avec la basse.
Et comment se passe l’écriture des chansons ?
Mike : On s’enferme dans une pièce ensemble. On commence toujours en jouant live, on se fait plaisir, on improvise, on s’envoie des idées, en attendant que quelque chose arrive. C’est assez désorientant lorsqu’il s’agit de parler d’écrire des chansons, personne ne sait vraiment comment ça marche. Je ne crois pas que qui que ce soit ait jamais pris le temps de s’asseoir dans le but d’écrire une grande chanson et y soit parvenu. Ça arrive toujours dans les moments où tu laisses la pression s’en aller et que tu te fais plaisir. Tu te mets dans un environnement favorable lorsque tu improvises.
C’est peut-être le cas pour un singer-songwriter, mais pour un groupe j’imagine que c’est effectivement différent.
Ben : Je pense qu’un vrai auteur compositeur écrit pour le plaisir d’écrire, et pas dans le but de faire un hit. Dans ce cas tu écris sur des choses qui te tiennent à cœur, sans avoir vraiment en tête l’idée de se faire de l’argent ou de plaire à tout le monde.
Mike : Je crois que plaire à tout le monde c’est impossible aujourd’hui !
Votre disque a été produit en collaboration avec Tom Dalgety, comment l’enregistrement s’est-il passé ?
Mike : C’était super. Mon expérience de l’enregistrement en studio se résume en fait à lui ! Il s’est occupé de ma première démo, même quand j’étais dans mes anciens groupes et que je ne chantais pas. Et même quand je n’avais pas de groupe en fait, s’il avait du temps libre pour moi. Nous sommes vraiment amis d’abord et avant tout. Donc pour enregistrer ce groupe, notre amitié nous a vraiment aidés, nous sommes tous dans le même bateau, honnêtes les uns envers les autres. C’est une machine bien huilée.
Et l’album a été enregistré sur une longue période ?
Mike : 18 mois ! Depuis les premiers jours du groupe jusqu’à il y a deux semaines.
Vous avez sorti vos premiers singles sous votre propre label, Black Mammoth, pourquoi avez-vous créé ce label ?
Ben : On n’en avait pas à l’époque et nous voulions sortir ces chansons. On était déjà en discussion avec certains labels, mais on voulait vraiment sortir une chanson, pour nous-mêmes. C’est pour ça qu’on l’a créé.
Pour revenir à l’album, je trouve l’artwork magnifique. Pouvez-vous me dire qui a fait ce dessin, et s’il y a une signification derrière ?
Mike : Son nom est Dan Hillier. Beaucoup des pochettes précédentes ont été aussi faites par un ami à nous qui s’appelle Harry Robbins. Quand le moment est arrivé de choisir une pochette pour l’album – c’est un choix très difficile, c’est tellement important – cette œuvre de Dan existait déjà, pas depuis très longtemps en fait. Et quand on l’a vue on s’est tout de suite dit que c’était ça, et rien d’autre. Ca convenait parfaitement, elle avait vraiment du sens pour nous. C’était comme le point culminant de tout ce qui avait été fait auparavant, la fin d’un crescendo. Ce que j’aime sur ce dessin c’est que je ne sais pas ce qu’il représente, il est vraiment mystérieux. J’aime le fait que l’on ne puisse pas voir ses expressions faciales. J’aime le fait que l’on sache que c’est une femme juste en voyant ses yeux et ses mains, il n’y a pas d’autre indice sur son sexe à part ça. C’est intrigant, et je suis obsédé par les choses dont le regard te suis où que tu ailles. Donc si tu vois cet album, il te regarde toujours.
Propos recueillis à Paris, le mardi 8 juillet 2014
Un grand merci à Royal Blood, Arnaud Lefeuvre pour avoir rendue cette interview possible ainsi que toute l’équipe de Warner Music France.
Pour plus d’infos :
Lire la chronique de ‘Royal Blood’ (2014)
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