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ANNA AARON – Interview – Paris, mardi 24 janvier 2012

Derrière la force et parfois même la rage qui se dégagent de son premier opus ‘Dogs In Spirit’, Anna Aaron est une artiste discrète. Plus à l’aise lorsqu’elle s’exprime en allemand et en anglais, c’est toutefois en français qu’elle a bien voulu répondre à nos questions afin de mieux faire connaissance avec elle et d’en savoir un peu plus sur la conception de son album, même si c’est certainement à travers sa musique qu’elle s’exprime le mieux.

ANNA AARON - Interview - Paris, mardi 24 janvier 2012

Peux-tu me parler de tes débuts, comment tu as commencé la musique, mais aussi quand et comment a commencé le projet Anna Aaron ?

Anna Aaron : Ce n’est pas une grande histoire ! J’ai commencé le piano vers l’âge de 12 ans. Un jour j’ai commencé à composer des chansons et ça n’était vraiment pas spectaculaire !

Anna Aaron, c’est un pseudonyme en fait ? Il y a une signification ?

Anna Aaron : Oui c’est un pseudonyme, mais il n’y a pas vraiment de signification. Anna c’était le prénom que je me donnais depuis longtemps, je ne sais pas vraiment pourquoi ! Et j’ai choisi le nom Aaron parce que je voulais le prénom d’une fille et celui d’un garçon en fait.

Anna Aaron, c’est aussi un groupe, peux-tu me parler de tes musiciens ?

Anna Aaron : C’est Jérémie Duciel qui joue de la batterie, Antoine Guenot à la basse et aussi parfois à la guitare. Emilie Zoé fait les chœurs, la guitare, et fait aussi des boucles sur de petits claviers sur scène. Ils sont tous de Lausanne, dans la partie française de la Suisse.

Et comment se passe la composition des chansons, c’est avec le groupe justement ?

Anna Aaron : Non, c’est moi qui compose. Avec ce disque c’était un peu spécial parce que je l’ai enregistré avec d’autres musiciens, ce n’était pas Emilie, Jérémie et Antoine. Alors ils ont écouté le disque chez eux, et après ils ont appris à jouer les morceaux.

Et les chansons de l’album ont été composées sur le long terme ?

Anna Aaron : Oui, ça a pris pas mal de temps. Une période de deux ans peut-être. Je crois que la chanson la plus vieille de ce disque date de 2009.

ANNA AARON - Soirée Newton - La Flèche d'Or, Paris, mercredi 23 novembre 2011Comment s’est passé l’enregistrement de l’album avec Marcello Giuliani? (Il a travaillé sur ‘Monday’s Ghost’ de Sophie Hunger, ndlr)

Anna Aaron : C’était à Lausanne, au studio du Flon, et Marcello a pris beaucoup de temps pour moi. On a beaucoup travaillé ensemble, enregistré des démos chez lui et dans son local de répétition, et on a fait quelques petits concerts ensemble aussi. Parfois on écoutait juste les Beach Boys pendant des heures ! J’ai appris plein de choses de lui. Il a pris beaucoup de temps pour écouter mes maquettes et essayer de comprendre ma musique et ce que j’aimerais faire. Il a apporté beaucoup au disque avec ses arrangements et ses idées. Il avait vraiment un rôle de producteur.

A quoi fait référence le titre de l’album ‘Dogs In Spirit’ ?

Anna Aaron : En fait la phrase en entier c’est « Blessed are the poor in spirit » – bénis soient les simples d’esprit – et j’ai remplacé ‘poor’ par ‘dogs’, parce que pour moi les chiens c’est un peu un symbole qui représente la pauvreté ou la faiblesse.

Il y a un lien avec la chanson ‘King Of The Dogs’ ?

Anna Aaron : Non, pas vraiment. Mais là c’est quand même un peu la même chose. Le roi des chiens c’est un peu une contradiction en fait, puisque les chiens symbolisent quelque chose de faible. Etre le roi des chiens ça porte à réfléchir, « de qui aimerais-je être le roi ? ». En fait c’est très simple : cette partie-là de la chanson parle d’argent, parce que l’argent c’est un truc faible, c’est presque une illusion, et ça peut tomber, se casser en un instant. On met toute notre confiance là-dedans comme si c’était quelque chose de très stable, mais la réalité est très différente. Je crois que c’est pour ça que j’ai mis cette phrase, ‘le roi des chiens’.

Et de quoi parlent les chansons de ton album, il y a des thèmes particuliers que tu aimes aborder ? L’atmosphère est sombre dans l’ensemble ?

Anna Aaron : Oui, durant la période pendant laquelle j’ai composé les morceaux j’étais dans un état d’esprit un peu particulier, j’ai traversé des phases un peu dures et violentes. Je pense que c’est pour ça que le disque paraît un peu sombre.

Pour ma part j’ai l’impression qu’il y a pas mal de chansons d’amour, mais pas dans le sens « heureux » du terme, au contraire, il y a de la souffrance, par exemple sur ‘Joanna’ ou ‘Since I met you my peace is gone’?

Anna Aaron : Oui, ce sont peut-être des chansons de souffrance mais elles ne sont pas toujours basées sur des relations humaines. C’est plutôt par exemple la relation entre l’homme et la vérité. Notamment le fait que la vérité ne soit pas toujours accessible pour moi, ou pour nous en général. Pour moi c’est une tragédie, une douleur très profonde, presque comme un vrai chagrin d’amour en fait. Pour illustrer je dirais que des fois je me sens comme si j’étais un homme, et la vérité serait une fille (!) que j’aime mais que je n’arrive pas à avoir. Je suis comme un homme brisé qui fait ses prières.

C’est quelque chose d’inaccessible…

Anna Aaron : Oui, voilà !

Peux-tu me parler du très beau clip de ‘Sea Monsters’ en noir et blanc ?

Anna Aaron : Le réalisateur c’est Germinal Roaux. C’est un photographe de Lausanne qui est pas mal à Paris en ce moment parce qu’il est en train de réaliser son premier vrai film. Il a aussi fait les photos pour la pochette du disque. C’est un artiste vraiment extraordinaire. J’ai passé beaucoup de temps à discuter avec lui. On a cherché un peu une langue visuelle qui corresponde un peu à l’univers du disque et à sa musique.

ANNA AARON - Interview - Paris, mardi 24 janvier 2012Oui, ce sont quoi ces gens qui courent tout nus ?

Anna Aaron : En fait le clip c’était vraiment son idée. Le premier jour de tournage je n’étais même pas là. C’est son style, mais je pense que c’est à lui qu’il faudrait poser la question !

Tu as grandi aux Philippines avec un père missionnaire, est-ce que la religion a eu une influence sur ta musique, notamment en terme d’imagerie dans les chansons, les paroles ?

Anna Aaron : Oui c’est vrai que l’on retrouve beaucoup de cela dans les paroles. C’est une imagerie qui est très proche de moi, ça vient naturellement. Évidemment j’ai lu la bible, j’ai grandi avec ça. Mais en même temps ces références dans mes textes ne sont pas vraiment volontaires, c’est un peu ma langue intérieure, et elle ressort quand je compose.

Et en dehors des Philippines, tu as beaucoup voyagé dans ta jeunesse ?

Anna Aaron : oui, j’ai pas mal voyagé mais c’était il y a longtemps, quand j’étais enfant. Mais pendant quatre ans seulement, pas toute mon enfance.

J’ai eu le plaisir d’assister à ton concert très énergique l’année dernière à la Flèche d’Or à Paris. Pour toi la scène, c’est important ?

Anna Aaron : Oui c’est très important. Il y a plein de choses importantes en fait : la connexion avec le public, la possibilité de faire de la musique dans l’instant et de créer quelque chose que les gens peuvent sentir dans leur corps et ça je trouve que c’est non seulement très intéressant mais c’est aussi un privilège, cette possibilité de créer une atmosphère ou une énergie qui touche les gens et qu’ils viennent pour recevoir ça, ce qui n’est pas évident.

Tu as également fait les premières parties d’Erik Truffaz qui représente un univers musical différent du tien, comment vous-êtes-vous rencontrés ?

Anna Aaron : Marcello Giuliani, le producteur de mon disque, a fait de la basse dans le quartet de Truffaz. Ce sont des amis depuis de années et ça s’est donc fait de manière très informelle. Il lui a juste dit « tu viens jouer sur le disque ? » (il apparaît sur la chanson ‘The Drainout’, ndlr).

Et c’était difficile de faire ses premières parties seule sur scène, et pas en groupe ? Parce que c’est un exercice complètement différent….

Anna Aaron : Oui, c’était assez différent mais pas plus ou moins dur. Juste… Différent !

Le public non plus n’est pas forcément le même j’imagine ?

Anna Aaron : Oui, mais ça dépend de la salle. Par exemple en Allemagne on a joué dans beaucoup de salles de Jazz et ça c’est très particulier. Le public Jazz est différent des jeunes qui écoutent un concert de Rock je pense. Mais de toute façon chaque concert est différent.

En parlant de concerts, aura-t-on le plaisir de te revoir prochainement en concert en France ?

Anna Aaron : Oui, on va commencer une tournée française en mars. On va encore sûrement jouer à Paris (au Centre Culturel Suisse les 13 et 14 mars, ndlr) mais sinon je ne connais pas encore toutes les dates , je ne les connais pas par cœur !

Propos recueillis à Paris le mardi 24 janvier 2012.

Un grand merci à Anna Aaron, Marion Pacé pour avoir rendue cette interview possible, ainsi qu’à toute l’équipe de l’agence Ephélide.

Pour plus d’infos :

Lire la chronique de ‘Dogs In Spirit’ (2012)

Galerie photos : Soirée Newton – La Flèche d’Or, Paris, mercredi 23 novembre 2011

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