Rencontre avec Dawn Landes à l’occasion de son passage en concert à Paris, en première partie d’Andrew Bird. L’occasion idéale de connaître un peu mieux cette discrète et talentueuse artiste et d’en savoir un peu plus sur son tout sur son nouvel album ‘Fireproof’.
Bonjour Dawn! Lundi tu jouais en première partie d’Andrew Bird à la Cigale, comment le concert s’est-il passé?
C’était bien, j’ai pris beaucoup du plaisir sur scène. J’ai joué avec un ami qui s’appelle Jason Glasser (l’un membre du groupe américain Clem Side, Ndlr), c’est un musicien que j’aime beaucoup, il est de New-York. Nous avons joué en duo et le public a vraiment bien réagi !
Avais-tu joué sur une scène si importante en France ou ailleurs auparavant ?
Oui, c’est déjà arrivé plusieurs fois, mais on ne nous donnait jamais la possibilité de répéter auparavant, alors on assurait tant bien que mal, ce qui est assez effrayant parfois !
Je me souviens de ton passage au Café de La Danse il y a trois ans au Festival Les Femmes S’En Mêlent (en ouverture d’Under Byen et Shannon Wright), tu avais l’air très timide alors…
Je le suis toujours ! Mais oui, je m’en souviens, c’était un assez gros concert et un bon souvenir. En effet, c’était mon premier show en France.
Joues-tu avec un groupe sur scène maintenant ?
Aux Etats-Unis, oui, mais pas en France. J’essaie alors de jouer avec Jason, ou Cyril à la batterie… J’ai fait une tournée en France avec juste un batteur et un violoniste une fois, c’était vraiment sympa. C’est donc différent à chaque tournée en fait.
Essaies-tu toujours d’expérimenter, de produire de nouveaux sons sur scène avec toutes sortes d’outils / instruments ?
Oui ! Mais malheureusement je ne peux pas tout transporter avec moi depuis les Etats-Unis parce que tout cela pèse trop lourd ! Alors en général je prends juste ma guitare. Si ça ne tenait qu’à moi j’embarquerais toute mon artillerie pour m’en servir sur scène !
Peux-tu nous raconter quand et comment tu as commencé à jouer ?
Oh, je crois bien que j’en ai toujours fait, aussi loin que je me souvienne.
Tu faisais partie d’une ‘communauté Folk’ à New-York ?
Je pense que tu veux parler de ‘Fast Folk’ ?
Oui, c’est ça.
Eh bien ce n’est pas exactement une communauté. En fait, c’est juste un groupe de musiciens qui se rencontre tous les lundis, et chacun apporte alors ses nouvelles chansons, ses nouveaux textes. C’est d’ailleurs surtout basé sur les textes, comme un groupe de poètes qui écriraient aussi des chansons. L’important c’est la poésie qui en ressort. Il y a bien longtemps que je n’ai pas fait ça, mais c’est une chose que j’aimais beaucoup en effet.
Car bien au-delà des expérimentations sonores, j’imagine que tu essaies de beaucoup t’investir dans les paroles.
Oui. !
Quels sont les principaux sujets que tu désires aborder dans tes chansons?
Rien de vraiment particulier, c’est surtout de la fiction, née de mes propres expériences. En général le ‘déclencheur’ d’une chanson c’est l’histoire que j’imagine, que je mets sur papier qui peut être effectivement inspirée par ce que je traverse à ce moment là.
Sur ton 1er album il y avait un titre intitulé ‘French’, avec un refrain en Français d’ailleurs, y-avait-t-il une raison particulière à cela ?
Oui, cette chanson m’a été inspirée par le film ‘La Vie Rêvée Des Anges’ (un film de Erick Zonca, 1998, Ndlr). C’était ma réaction par rapport à l’histoire de ce film, dans le cas présent c’était effectivement le ‘déclencheur’ de la chanson. Mais sinon à l’époque je n’étais encore jamais venue en France.
Au sujet du nouvel album maintenant, j’ai le sentiment qu’une atmosphère un peu plus country se détache sur des titres tels que ‘Tired Of This Life’, qui me rappelle un peu le style de Laura Veirs.
Oui peut-être un peu, sans connaître toutefois vraiment bien le travail de Laura Veirs, mais j’aime beaucoup la production sur son album ‘Carbon Glacier’. Pour en revenir au côté ‘country’, je ne sais pas, en fait je n’y pense pas vraiment lorsque j’écris…
L’album reflète-t-il tes propres goûts musicaux ?
Forcément un peu, mais j’aime tellement de choses que ce serait réducteur de dire cela. J’aime l’Indie Rock, le Blues, le Folk… en ce moment j’adore ce que fait Justin Timberlake, je sais c’est un peu fou, et j’aime le Hip Hop. J’écoute de tout en fait, mais oui, j’ai joué beaucoup de Folk et j’en ai appris beaucoup, notamment au contact du groupe Hem, avec qui j’ai tourné pendant un moment. Ils ont un côté vraiment ‘Roots’ et m’ont appris des chansons traditionnelles que je ne connaissais pas
Tu as enregistré ton nouvel album très rapidement ?
Oui, alors que l’enregistrement du premier album avait été étalé sur environ 6 mois, les prises du nouveau disque ont été faites en une journée. Ensuite j’ai passé un peu plus d’une semaine sur le mixage et les arrangements. C’a été très rapide.
Ce nouveau disque donne en même temps l’impression d’être plus maîtrisé que son prédécesseur, tu sembles mieux savoir où aller dans tes expérimentations…
C’est justement lié à ce court laps de temps : alors que le premier disque avait été réalisé petit à petit, par étapes, là il a suffit d’une prise pour chaque chanson, dans des conditions ‘live’, avec des musiciens qui jouaient dans la même pièce que moi. Ensuite je m’amusais sur les bruitages et les arrangements. Cette fois c’est aussi un vrai batteur, Ray Rizzo, qui joue sur le disque, et pas moi ! Il est excellent ! La qualité de la section rythmique a certainement joué un rôle important dans la celle de ce disque.
Et tu t’occupes donc seule du mixage ensuite ?
Non, pas toute seule. J’ai travaillé avec un producteur qui s’appelle Adam Lasus qui détient d’ailleurs un studio qui s’appelle ‘Fireproof’ (le titre de son album, ndlr) à Brooklyn! Il m’a aidé pour l’enregistrement et le mixage.
Il y a également une nouvelle version du titre ‘Kids In A Play’ sur l’album, pourquoi ? Tu n’étais pas satisfaite de la première version ?
Non pas du tout ! C’est que je trouve que ces deux versions sont vraiment très différentes. J’ai ajouté quelques paroles et d’autres parties instrumentales, et comme j’avais beaucoup joué ce titre avec Ray et Johnny, la section rythmique, on en a fait quelque chose de totalement différent. Donc j’ai estimé que cela en valait la peine de réenregistrer le titre sous cette forme.
Tu étais d’ailleurs déjà ingénieur du son avant d’enregistrer ton premier album ?
Oh oui, j’ai travaillé dans tellement de studios !
Et aujourd’hui que fais-tu entre deux albums ? Passes-tu plus de temps en tournée ou bien derrière la console ?
Les deux en fait. Je viens d’ailleurs de travailler sur la B.O. d’un film, ce qui prend un temps fou. J’ai dû passer environ trois mois dessus car il y a tellement de parties musicales différentes, c’est comme si je devais créer un album à partir de rien. C’est juste de l’instrumental. J’ai fait ça pour deux films : ‘Blackbird’ et un autre qui s’intitulera ‘Disconnected’ mais dont le montage n’est pas encore tout à fait terminé. J’ai aussi fait une chanson pour un film qui s’appelle ‘Savage Grace’ qui vient d’être présenté à Cannes, avec Julianne Moore. C’est un très beau film, inspiré d’une histoire vraie.
Une dernière question avant de nous quitter : maintenant que tu commence à avoir plus de renommée, where’s your bodyguard ?
(Rire un peu forcé suite à ma blague facile…) Ah Ah Ah!… Je ne sais pas ! J’aimerais bien avoir la réponse à cette question ! Non, ça va je suis contente de ne pas en avoir. C’est une drôle d’histoire en fait. J’ai écrit cette chanson parce que j’avais rêvé que l’on m’avait cambriolé, et c’est effectivement arrivé… après l’avoir écrite! Alors méfie-toi de tes rêves, car ils pourraient se réaliser !
Un grand merci à Dawn Landes, Olivier et à toute l’équipe de Fargo Records.
Pour plus d’infos :
Lire la chronique de ‘Fireproof’
Lire la chronique de ‘Dawn’s Music’