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LAURA VEIRS – Interview – Paris, vendredi 30 octobre 2009

Laura Veirs est une grande dame de la Folk . Depuis que l’on a découvert ‘Carbon Glacier’ en 2004, notre coeur a chaviré et on attend à chaque fois avec grande impatience chaque nouvelle sortie de la demoiselle. Elle revient aujourd’hui avec ‘July Flame’, une oeuvre intimiste d’une grande beauté, s’éloignant un peu de la parenthèse plus Pop de ‘Saltbreakers’ pour revenir à un univers plus acoustique, mais toujours aussi foudroyant.

LAURA VEIRS - Interview - Paris, vendredi 30 octobre 2009

Tu es sur le point de sortir ton nouvel album sous ton propre label après deux albums parus chez Nonesuch Records, y-a-t-il une raison particulière, les choses ont-elles mal tourné avec ton ancien label ?

Laura Veirs : Mon contrat était terminé et j’ai juste décidé que c’était le bon moment pour sortir un disque en autoproduction. Certains de mes amis aux Etats-Unis ont fait ça et ça a très bien marché. Je pense que c’est le futur pour les artistes parce nous sommes tellement en contact avec nos fans maintenant, via myspace, Facebook, Twitter, les mailing-lists, Youtube… Ce moyen de communication donne plus de pouvoir à l’artiste. D’un point de vue financier c’est un plus grand risque pour moi de lancer un label, mais la récompense est d’autant plus grande, si ça marche ! Et ensuite ce serait vraiment bien de pouvoir produire ainsi les disques de personnes dont j’aime la musique.

Raven Marching Band était le label par lequel tu avais sorti tes premiers albums, dont tu sais un peu déjà comment tout cela fonctionne ?

Laura Veirs : Pas vraiment en fait, parce qu’avant on ne distribuait rien, c’était juste un site internet. Donc je ne savais pas vraiment tout ce qui entrait en compte, ce qui n’est plus le cas maintenant, car le label est vraiment actif depuis 2 mois seulement. J’ai tellement à apprendre sur la distribution, les passages en radio, la promotion, le marketing… Tellement de facettes de l’industrie de la musique auxquelles je ne connaissais rien auparavant. C’est intéressant pour moi mais je dois y faire attention, car si je m’implique trop, je deviens une ‘business woman’, et plus une artiste. Mais j’aime cette implication dans tous les aspects de ma musique.

C’est vrai qu’aujourd’hui la participation demandée aux fans est de plus en plus grande, comme par exemple pour les groupes qui financent leurs albums par un système de précommandes. En fin de compte les fans se sentent récompensés lorsque le disque sort.

LAURA VEIRS - Interview - Paris, vendredi 30 octobre 2009Laura Veirs : Oui, par exemple on a organisé un concours vidéo pour notre dernier album, et les fans ont été supers ! On ne savait pas si qui que ce soit participerait, et on a eu des réponses des quatre coins du monde et il y avait d’excellentes vidéos dans le lot.

Tu organises d’ailleurs un concours pour tes nouvelles chansons je crois ?

Laura Veirs : Oui, pour le premier single de l’album. Je jouais d’ailleurs à Los Angeles la semaine dernière, et une fan m’a dit qu’elle travaillait sur le clip! Je suis contente qu’au moins une personne y travaille en ce moment !

Donc ton nouvel album s’appelle ‘July Flame’, j’imagine qu’il y a une histoire derrière ce titre ?

Laura Veirs : Oui. ‘July Flame’ est le nom d’une variété de pêches. Ce sont des pêches bios cultivées par des agriculteurs locaux… Je trouvais que c’était un bon titre pour une chanson. J’ai donc commencé à écrire un morceau avec ce titre, ‘July Flame’, et je me suis ensuite rendue compte que la plupart de mes nouvelles compositions avaient en commun le thème de l’été, mais aussi celui du feu. C’est donc devenu logiquement le titre de l’album.

Ton groupe s’appelait les Saltbreakers et auparavant les ‘Tortured Souls’ (sur Carbon Glacier). Ils s’appellent les Hall Of Flames maintenant? Ce sont toujours les mêmes personnes?

Laura Veirs : Non, c’est un autre groupe ! Les Saltbreakers sont sur l’album, mais le groupe qui joue en concert avec moi est différent maintenant. Il y a 5 membres, 3 femmes / 2 hommes, et beaucoup de très bon chanteurs.

En pensant à ton album précédent, je me disais que tu allais peut-être t’orienter vers un nouveau disque plus Pop, voire même Rock ! Finalement ce n’est pas quelque chose que tu voulais faire ?

Laura Veirs : Je voulais revenir aux racines, à des choses comme le picking à la guitare. Je voulais que chaque chanson se suffise à elle-même avec juste une guitare et une voix. Et donc ne pas avoir besoin de basse, de batterie, etc.

J’ai pu voir la différence lorsque je t’ai vue il y a 2 ans en concert à Paris avec ton groupe, en comparaison avec ta tournée précédente où tu étais seule. C’était effectivement assez différent. Tu trouves que tu contrôles mieux les choses ainsi ?

Laura Veirs : Je ne parlerais pas de contrôle, mais plutôt de pouvoir en dire beaucoup avec peu de choses. Faire passer beaucoup d’émotions avec un seul instrument et une voix. C’est toujours un challenge, et c’est très intéressant.

Alors que ‘Saltbreakers’ sonnait plus comme un disque de groupe, celui-ci est très intimiste, j’imagine que le processus de composition a été différent ?

Laura Veirs : Oui, parce que je ne pensais pas au groupe. Je me disais « que fais-tu lorsque tu es seule sur scène pour que ça marche » ? Une chanson comme ‘Galaxies’ par exemple ne fonctionne pas du tout en solo. Mais beaucoup de chansons sur le nouvel album fonctionnent ainsi et sonnent très bien que ce soit seule ou en groupe. Il faut que je sois sûre d’avoir la liberté de pouvoir jouer parfois en solo et de représenter l’album.

Malgré ce côté plus intimiste on retrouve tout de même beaucoup d’arrangements comme les cuivres sur ‘Summer Is The Champion’, ou les magnifiques chœurs en ouverture de ‘Carol Kaye’… Quand tu composes tes chansons, qui décide de tout cela ? Toi, les membres du groupe ?

LAURA VEIRS - Interview - Paris, vendredi 30 octobre 2009Laura Veirs : Je fais mes démos avec juste une guitare, un piano, et ma voix. Ensuite Tucker, mon producteur, et moi nous nous posons pour parler de leur instrumentation. Puis nous invitons les musiciens, et ce sont eux qui en grande partie apportent leur propre contribution. On ne leur dit pas quoi jouer.

Sur chacun de tes albums on retrouve le thème des éléments naturels : les météorites, les glaciers, et donc l’été sur celui-ci… Dirais-tu que cela est lié à tes connaissances en géologie (qu’elle a étudié, ndlr)?

Laura Veirs : Peut-être… Mais je dirais plutôt mon éducation au Colorado, parce que mes parents étaient des gens d’extérieur, ils nous emmenaient camper, faire de la marche dans les montagnes, du ski… Donc j’ai passé une grande partie de ma jeunesse en extérieur et je pense en avoir retenu beaucoup d’images, une certaine appréciation de la beauté de la nature. Tout cela a vraiment un effet sur mes chansons.

Pourrais-tu me parler de la signification de la pochette de ton album sur laquelle on trouve non seulement une pêche, mais aussi un crâne, un bison, un papillon de nuit, une cathédrale…

Laura Veirs : Ce sont des éléments abordés dans les paroles, et je pense que sur la pochette il y a un équilibre entre la vie et la mort. Il y a le crâne, et le bison blanc est en revanche un signe de force, de vitalité. Le papillon fait évidemment référence à la nuit. La pêche représente plus la nature et son côté temporaire, éphémère, le fait que les choses changent. Une pêche est mûre une semaine et si tu ne la manges pas elle pourrit.

Qui a réalisé la pochette ?

Laura Veirs : Son nom est Carson Ellis et elle a fait toutes les pochettes des Decemberists entre autres. C’est une amie à moi de Portland.

Tu as enregistré tout tes albums avec Tucker Martin, tu n’as jamais pensé à travailler avec un autre producteur ?

Laura Veirs : Humm, en fait on vit ensemble, donc je n’imagine pas travailler avec quelqu’un d’autre, car nous avons une excellente relation par rapport à l’enregistrement et on forme une famille. J’adore faire des disques avec lui. Peut-être un jour pourrais-je en faire un avec quelqu’un d’autre, mais je ne vois pas pourquoi, car on s’entend parfaitement et il écoute toutes les chansons que j’écris, me donne son avis, c’est un peu mon correcteur.

Joue-t-il avec toi également ?

Laura Veirs : Oui, de la batterie, mais il ne vient pas en tournée avec mon nouveau groupe parce qu’il est très occupé à produire d’autres albums en ce moment. Il a produit les deux derniers disques des Decemberists, il travaille avec My Morning Jacket… Et puis il n’y a pas beaucoup de batterie sur mon nouvel album, donc pas besoin de batteur !

D’ailleurs l’atmosphère générale de cet album peut nous laisser imaginer que ta prochaine tournée sera plutôt intimiste, en solo, du moins en Europe ?

Laura Veirs : Non, je vais emmener 5 personnes avec moi, c’est d’ailleurs le plus gros groupe que j’ai jamais eu ! C’est un peu étrange car on pourrait en effet penser le contraire, mais beaucoup de monde chante, il y a beaucoup de chœurs.

Alors, pour revenir au ‘business’ il va te falloir faire des économies pour tous les faire venir en France !

Laura Veirs : Oui, je sais ! La bonne nouvelle c’est qu’ils font les premières parties et ils peuvent gagner un peu plus d’argent comme ça, en jouant et en vendant leurs CDs aux concerts ! Ca nous aide pour les coûts de la tournée.

Propos recueillis le vendredi 30 octobre 2009 à Paris.

Un grand merci à Laura Veirs, Mathieu Pinaud ainsi qu’à toute l’équipe de Cooperative Music

Pour plus d’infos :

Chroniques :

July Flame (2010)
Saltbreakers (2007)
Year Of Meteors (2005)
Carbon Glacier (2004)

Galerie photos Showcase Fnac Les Halles, Paris, mercredi 13 janvier 2010
La Maroquinerie, Paris, mardi 24 avril 2007 : compte-rendu / galerie photos
La Maroquinerie, Paris, mardi 28 février 2006 : compte-rendu / galerie photos

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