Après avoir tâté de la Folk à ses débuts avant de prendre un virage plus Pop, Nina Kinert est déjà de retour avec ‘Red Leader Dream’, son oeuvre la plus variée et la plus aboutie à ce jour sur laquelle elle nous révèle sa passion pour la Guerre Des Etoiles, avec pour décor la planète désertique de Tatooine après le retour du Jedi. Et cela ne fait aucun doute : la Force est avec elle…
‘Red Leader Dream’ est ton 4ème album, mais la France ne t’a vraiment découverte que l’an dernier avec ‘Pets & Friends’, du coup pourrais-tu nous résumer un peu ce qui s’est passé avant ?
Nina Kinert : Les deux premiers albums que j’ai sortis sont très différents de ce que je fais maintenant, parce que c’était une collaboration entre moi et une personne qui s’appelle Lula Olsson. J’étais très jeune et la musique sur ces albums était bien plus Folk, Country Alternatif, Blues. Il y avait beaucoup de lui dans ces albums et je ne m’y suis jamais sentie tellement à l’aise parce qu’en Suède quand tu es une fille, tu es censée être celle qui joue de la guitare, tu vois ce que je veux dire? C’est avec le piano que je me sens plus à l’aise et c’est donc avec cet instrument que j’ai voulu évoluer. Je pourrais diviser ma carrière en différents chapitres, et ces deux premiers albums en seraient le premier.
Et comment se fait-il que ce ne soit que ‘Pets & Friends’ qui soit arrivé en premier en France ?
Nina Kinert : Je ne sais pas, je n’y ai pas vraiment pensé. Le fait que ce soit un album plus Pop, plus facile à appréhender a probablement aidé je suppose.
Comme tu en parlais, tu es effectivement décrite comme une artiste Folk dans de nombreux articles aujourd’hui encore, bien que tes deux derniers albums soient vraiment différents, à part quelques morceaux. C’était quelque chose dont tu voulais vraiment t’écarter, la Folk ?
Nina Kinert : Je pense que je voulais plus m’éloigner du Blues et de la musique Country, parce parfois les gens disent que c’est ce que je fais et je trouve ça vraiment bizarre ! Mais sinon je ne veux pas en sortir, ce n’est pas comme si je n’aimais pas du tout la Folk, mais en effet je ne dirais pas que c’est ce que je fais aujourd’hui.
Le nouvel album a été mixé par Christopher Berg (The Knife, Fever Ray, ndlr), c’était dans le but de lui donner une touche plus électronique ?
Nina Kinert : Oui, peut-être. Il pense différemment, il a une autre approche et je voulais profiter de ça, pas forcément du côté électronique, mais de son ressenti.
En écoutant ‘Red Leader Dream’ j’ai l’impression d’entendre pas mal de nouvelles sonorités que tu n’utilisais pas tellement auparavant, comme les chœurs sur ‘Push It’ qui évoquent les Musiques du Monde, et aussi ce côté atmosphérique, New Age très présent. Y-a-t-il des choses, des artistes en particulier qui t’ont influencée par rapport à cela ?
Nina Kinert : Non, pas vraiment. C’est influencé par ce avec quoi j’ai grandi, et il y avait pas mal de New Age et de Musiques du Monde. Je suis très influencée par les Cocteau Twins, c’est le seul nom que je pourrais vraiment te donner, même s’il y en a toujours d’autres, comme Kate Bush ou même Enya, notamment pour la façon dont elle utilise les chœurs, c’est quelque chose que j’aime beaucoup.
Pour entrer dans‘Red Leader Dream’ plus en détail, peux-tu me parler du thème de l’album ?
Nina Kinert : C’est un peu comme une histoire, j’ai fait ma propre saga épique Star Wars ! Je suis une grande fan de la Guerre des Etoiles depuis que je suis petite, je faisais semblant d’y jouer, mais au lieu d’être la princesse Leia, j’étais l’un de mes propres personnages ! Et maintenant j’ai trouvé le moyen de mettre ça par écrit.
Et d’une manière générale, tu aimes la science-fiction, ou l’univers ‘Fantasy’ ?
Nina Kinert : Oui, et d’ailleurs mon album se passe sur la planète Tatooine, dans le désert. C’est une femme qui marche dans le désert à la recherche de l’être aimé. Ce n’est pas comme si Luke Skywalker et Han Solo étaient là, avec les sabres laser ! C’est un peu plus calme !
D’ailleurs en lisant le livret on voit que c’est divisé en deux actes, tu voulais écrire cette histoire comme un scénario ?
Nina Kinert : Je ne pense pas que les chansons en elles-mêmes racontent une histoire, elles font plus passer des sentiments. Je voulais plus livrer ici toute l’histoire, tout le thème du disque, comme un ensemble.
Donc il ne faut pas chercher à distinguer deux parties, comme une Face A / Face B par exemple ?
Nina Kinert : Ce serait super de pouvoir faire cela comme un vinyle, mais je suis assez heureuse de la façon dont il est assemblé. Je donne cette œuvre aux gens et je suppose que c’est mieux de les laisser imaginer ce qu’ils veulent. Les meilleures histoires sont souvent dans l’imagination des gens.
Ça pourrait être une bande originale de film, avec ce côté New Age ?
Nina Kinert : C’en est une en fait, celle de mon histoire !
Et y-a-t-il une signification particulière à ce titre, ‘Red Leader Dream’ ?
Nina Kinert : L’expression vient de Star Wars et je trouve qu’elle sonne très bien !
(ndlr : là, j’avoue mon ignorance, après quelques recherches, il s’agit du pilote qui a failli faire exploser l’étoile de la mort avec son vaisseau, mais qui a malheureusement raté sa cible avant d’être lui-même abattu. Son rêve aurait donc été de détruire la menace de l’Empire.).
Mais en dehors de ça je pense qu’il est assez difficile de ne pas être politique. L’album n’est pas politique, mais ce nom de Red Leader Dream me fait sentir bien, surtout en regardant la situation dans le monde aujourd’hui, et plus particulièrement après les élections en Suède (l’extrême droite y a fait pour la première fois cette année son entrée au parlement, la droite conserve la majorité, ndlr). Donc je suppose qu’on peut trouver plusieurs aspects mais en gros ça signifie que c’est un rêve du Grand Amour Rouge (ndlr : pour citer Nina Kinert en Anglais : ‘a dream of the BIG RED LOVE’ !).
… Et elle le trouve à la fin !
Nina Kinert : Oui!
Et sur scène, est-ce que le côté visuel est important pour toi aussi ?
Nina Kinert : Oui. Et je pense que c’est d’autant plus important avec un album qui présente ainsi cet univers que j’ai essayé de créer. C’est important de donner quelque chose en plus au public, pour que tout cela perdure plus longtemps.
Il faut s’attendre à des surprises ?
Nina Kinert : Je ne sais pas si l’on peut parler de surprises, mais ça sera beau à regarder !… En plus du plaisir pour les oreilles !
Et comment s’est passée la composition de l’album? Ecris-tu en tournée, ou plutôt au calme, chez toi ?
Nina Kinert : En ce moment je suis dans une phase où j’ai l’impression que je ne pourrais plus jamais écrire une chanson car je me sens assez ‘vidée’, ce qui est plutôt normal après avoir fait un album. Mais sinon j’écris tout le temps. Je ne m’assois pas pour écrire. Ca vient ou ça ne vient pas. Mais je ne me mets pas la pression, je sais que ça finit par venir.
Il y a aussi plusieurs collaborations sur l’album, notamment Linnea Olsson (Paintbox), Jonas Gustafsson (Division of Laura Lee), et Ellekari Sander (The Tiny)… Dirais-tu que la scène Pop ou Indé Suédoise est devenue un peu une grande famille aujourd’hui ?
Nina Kinert : Hmmm, oui, d’une certaine manière. Tout le monde se connaît plus ou moins, même si pas directement, mais la Suède est un petit pays, donc je suppose que ça n’a rien d’étrange. Et c’est bien de pouvoir s’aider les uns les autres et de s’inviter sur nos albums.
Les artistes Suédois ont vraiment explosé au niveau international ces dernières années, penses-tu qu’il se passe quelque chose aujourd’hui sur la scène Suédoise qui n’existait pas auparavant ?
Nina Kinert : Je pense que c’est une question politique. En grandissant, quand j’aillais à l’école, tout le monde pouvait prendre des leçons de musique, quel que soit leur statut social. Si tu voulais apprendre le piano, si tu voulais chanter, c’était possible. C’était une opportunité que l’on avait à l’école. Je ne sais pas si c’est toujours comme ça, mais je pense que cela va changer malheureusement, avec le gouvernement que nous avons maintenant. Mais les gens de ma génération, un peu plus jeunes et un peu plus vieux, ont été encouragés à l’école, on nous a appris que la musique appartenait à tout le monde.
Et aujourd’hui toute cette génération explose à la face du monde !
Nina Kinert : Oui, elle a grandi et veut montrer au monde entier ce qu’elle sait faire !
Propos recueillis le vendredi 3 décembre 2010 à Paris.
Un grand merci à Nina Kinert ainsi qu’à Benjamin Caschera d’Almost Musique pour avoir rendue possible cette rencontre.
Pour plus d’infos:
Lire la chronique de ‘Red Leader Dream’
Voir la galerie photos au Festival ÅÄÖ, le Point Ephémère, Paris, vendredi 3 décembre 2010
Lire la chronique de ‘Pets & Friends’
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http://www.myspace.com/ninakinert
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