Sara Hartman est une jeune artiste Pop de 20 ans qui a quitté The Hamptons, quartier chic de la banlieue de New York où elle a grandi, pour s’installer à Berlin et composer son premier EP intitulé « Satellite ». Son sens aigu de la Pop Song parfaite a déjà fait sensation et lui a valu d’ouvrir pour de grandes stars internationales comme Ellie Goulding, mais c’est dans le cadre bien plus intime du Pop Up du Label à Paris que nous avons pu la rencontrer, à l’occasion de sa première tournée bien à elle.
Pour commencer, pourrais-tu te présenter, me dire d’où tu viens et quand as commencé à faire de la musique ?
Sara Hartman : Je viens d’une banlieue de New York qui s’appelle The Hamptons. C’est un endroit connu. C’est là que les gens de Manhattan vont en vacances, mais il y en a d’autres qui vivent là toute l’année pour leur offrir ce luxe. Mon père construit des piscines, donc on était dans les parages ! Pendant l’hiver, c’est une petite communauté. Avant d’en partir, je ne m’étais pas rendue compte combien c’était irréel ! Là-bas j’ai travaillé dans un magasin de jouets sur Main Street. Un jour Usher est entré pour jouer avec des marionnettes et je me disais, « OK, c’est normal ici ». En y repensant c’est fou ! Sinon on m’a offert un kit de batterie pour Noël à l’âge de 11 ans et j’ai adoré ça, faire du bruit, et puis l’immédiateté de l’instrument. Puis j’ai découvert que je pouvais apprendre la guitare et commencer à chanter sur mes propres sentiments. Puis j’ai commencé à faire ça dans les bars locaux. Des concerts assez pourris, mais où venaient des gens plutôt importants.
J’imagine que c’était plutôt éducatif ?
Sara Hartman : Oui, ça l’était, vraiment ! Il faut garder l’attention de gens. Quand tu fais de la musique dans le coin d’un restaurant les gens ne viennent pas pour te voir mais pour manger ! Mais quand tu attires leur attention c’est super, tu te sens si bien quand ils écoutent, donc il faut que tu les gardes et qu’ils continuent à boire au bar et après le restaurant aussi t’aime bien ! J’aime cette proximité, même quand je joue de plus grands concerts maintenant.
Et dès le début tu t’es dit que la musique était ce que tu voulais faire plus tard ?
Sara Hartman : J’ai vraiment eu le coup de foudre. C’est une bonne question parce que j’adore la musique mais j’adore aussi fabriquer, concevoir des choses, je pense que c’est pour ça que j’aime la musique. C’est mon moyen d’expression.
Après tu es partie à Berlin ? Pour quelle raison ?
Sara Hartman : Oui, je crois que ça fait un an et demi maintenant. Je faisais toujours des concerts dans des bars aux Hamptons et j’ai joué pour une personne qui travaille dans l’industrie de la musique qui connaissait le producteur Tobias Kuhn. Il m’a envoyée là-bas pour le rencontrer. J’avais préparé quelques idées, quelques chansons, et nous nous sommes vraiment bien entendus. La première chanson que nous avons écrite ensemble était ‘Satellite’. Je suis arrivée avec des paroles et le refrain et il m’a dit « si on ajoutait une belle partie de batterie là ! ». C’est comme ça que ‘Satellite’ est née et ensuite nous avons décidé de ne pas nous arrêter là.
C’est donc avec lui que tu as enregistré ton album ?
Sara Hartman : Oui, nous avons une dizaine de chansons sur un ordinateur pour le moment. Et nous travaillons encore, je pense que l’histoire n’est pas terminée.
Et quel a été la partie la plus mémorable de l’enregistrement ?
Sara Hartman : Je pense que mon moment préféré, c’est lorsque nous sommes allés enregistrer les voix en Toscane. C’était vraiment un rêve ! Je n’avais vu que Berlin en Europe jusque-là. Tobias m’a dit « il faut qu’on bouge pour voir d’autres endroits », donc nous sommes allés en voiture de Berlin en Toscane… C’était très long ! Mais très beau aussi, à travers les montagnes. Une fois là-bas nous sommes arrivés dans un studio tenu par deux sortes de hippies super sympas qui avaient aussi un groupe. Puis j’ai fait venir ma mère qui a pu voir Florence, elle en avait toujours rêvé. C’était très émouvant !
Tu as donc récemment sorti ton premier EP, « Satellite ». Peux-tu justement m’en parler un peu plus, et notamment les deux chansons ‘Satellite’ et ‘Monster Lead Me Home’ ?
Sara Hartman : ‘Satellite’ était donc notre toute première chanson et c’est celle qui a donné le ton pour tout le reste. L’urgence, le côté doux-amer, tout cela est né de mon arrivée à Berlin. C’était super, j’y suis heureuse maintenant mais je ne l’ai pas été pendant longtemps. S’installer dans un nouvel endroit où je ne connaissais personne, loin de ma famille, c’était vraiment beaucoup pour moi. Maintenant je me sens beaucoup mieux mais j’ai été capable de mettre tout ça en musique. J’étais consciente d’avoir cette chance et il fallait que je la saisisse en espérant que ça marche, et c’est ce que veut dire cette chanson. L’idée derrière ‘Monster Lead Me Home’ est un peu la même. Connais-tu le livre pour enfants « Where the Wild Things Are » de Maurice Sendak (« Max et les Maximonstres », ndlr) ? J’avais le mal du pays, j’étais en plein décalage horaire, il était quatre heures du matin, j’essayais de m’occuper en surfant sur internet. Je regardais Max et les Maximonstres et « Le Voyage de Chihiro » de Miyazaki et dans les deux il avait ce personnage, le monstre, tellement fort pour moi, qui t’emmène où tu as besoin d’aller, ça m’a vraiment parlé. C’est donc une chanson sur l’espoir et les raisons pour lesquelles on atterrit quelque part, je me sentais vraiment comme ça à ce moment précis. Et j’aime aussi la façon dont les paroles restent ouvertes afin que les gens puissent y trouver leur propre histoire.
Tu as aussi repris « Stranger In a Room » de Jamie XX sur ton EP ?
Sara Hartman : Oui !!! J’aime beaucoup la façon dont Jamie XX est capable de faire tellement avec si peu. C’est très pur et vraiment cool. J’aime surtout les titres de The XX comme ‘VCR’, c’est mon genre de truc. Mais je trouve que « In Colour » de Jamie XX est un disque brillant parce qu’il parvient à insérer de vraies sonorités dans la musique Dance. J’ai beaucoup de respect pour lui. Et les paroles de sa chanson me parlent beaucoup, je crois que c’est assez évident : stranger in a room, Berlin, appartement… Maintenant je m’aperçois que c’était un choix assez évident.
Et maintenant tu te sens plus chez toi à Berlin ?
Sara Hartman : Honnêtement je peux maintenant dire oui. Je m’y sens comme chez moi et j’aimerais y rester aussi longtemps que possible.
Tu t’es fait des amis !
Sara Hartman : Oui c’est ça ! Exactement ! Je me suis fait des amis ! (rires)
Et comment abordes-tu l’écriture ? Peut-être dans un endroit en particulier ?
Sara Hartman : J’ai voyagé comme une folle ces derniers temps et j’ai toujours avec moi un vieux carnet usé, il est en cuir et ses pages tombent mais je l’adore. Donc comme je suis beaucoup sur la route c’est difficile d’écrire des chansons entières donc j’y mets tout ce qui me vient à l’esprit, pour capturer l’instant souvent. Voilà où j’en suis pour le moment. Ça commence souvent par une phrase ou une image à partir desquelles tu peux construire, comme ‘Satellite’, tu t’assures qu’au départ l’image centrale est là. Je me souviens être partie sur les paroles « I could love you if you let me / But love you gotta let me… », j’aime la façon dont ça démarre, même si au début je ne savais pas où j’allais avec ça.
Et la musique vient en général après ?
Sara Hartman : Oui, je suis certainement plus attachée aux paroles, pour moi la mélodie est dans les mots. Je reste sur des accords très simples. Parfois Tobias intervient et me dit « il faudrait que tu ajoutes cet accord à cet endroit-là » !
Et quels sont les artistes qui t’ont le plus influencée ?
Sara Hartman : J’ai écouté pas mal de truc bizarres ces derniers temps. D’abord j’ai grandi avec Radiohead, « OK Computer » c’était la Bible pour moi. Le son, et les paroles, ça va tellement loin… ce disque est parfait ! Donc j’ai grandi avec ça et le Rock alternatif des années 90 qu’écoutait ma mère comme les Flaming Lips, j’ai vraiment été élevée dans cet univers. Puis j’ai commencé à me faire mes propres goûts. J’aime Margaret Glaspy.
Oh mais elle a joué ici il y a quelques jours !
Sara Hartman : Je sais j’ai vu l’affiche, c’est pas possible ! D’ailleurs j’aime bien regarder sur le mur des salles qui passe en concert, comme Mitski que je trouve très originale, je l’adore ! Et sinon Sophie Tucker était une chanteuse fascinante dont j’aime les idées. Il y a aussi la dernière chanson de Childish Gambino, très bonne…
Donc pas mal de choses complètement différentes ?
Sara Hartman : Oui, j’essaie surtout d’être à l’écoute de ce qui se passe. J’ai aussi eu une période Nina Simone il y a quelques mois, j’écoutais avec obsession ‘Live In Montreux’ pour comprendre ce qu’elle faisait au piano. C’est Classique, mais Jazz aussi, c’est structuré mais libre… J’aime aussi Courtney Barnett, ça signifie beaucoup qu’une artiste comme elle réussisse aussi bien et ça rend le futur très excitant.
Tu as tourné avec Ellie Goulding et X Ambassadors, de très gros concerts j’imagine, qu’en as-tu appris ?
Sara Hartman : J’ai appris tellement qu’on pourrait passer des heures à en parler ! La tournée d’Ellie Goulding était quelque chose d’énorme pour moi. En février dernier, nous venions de faire notre plus gros concert dans une salle de 500 places et nous nous disions « super ! Ça marche pour nous ! ». Et j’ai reçu un appel pour me proposer de faire les premières parties d’Ellie Goulding, sur le coup j’ai dit « c’est une blague ? » mais ça n’en était pas une. C’était vraiment étonnant, comment dire, ces stars… ce ne sont plus vraiment des gens en fait. Enfin tu sais bien que ce sont des personnes mais c’est une autre façon de jouer. J’ai appris de ces grosses tournées combien la connexion avec le public est importante, avoir un contact visuel avec les gens qui se trouvent au premier rang. C’est ce que j’adore et si tout se passe bien et que j’ai l’occasion de jouer dans de plus grosses salles je ne vais pas détester ça ! Mais je comprends mieux le pouvoir de tout cela maintenant. Quand tu joues sur une grande scène tu peux vraiment faire un ‘gros’ concert, avec les lumières, les couleurs, les explosions, les canons à confettis – ça j’en veux vraiment un ! Mais aussi pendant les chansons les plus calmes tu ressens vraiment les choses et le public aussi. Une connexion authentique, c’est très important.
Si tu te retrouves face à 20 000 personnes, ça ne va pas être facile de garder un contact visuel avec chaque spectateur !
Sara Hartman : Non, c’est vraiment dur, mais ce n’est pas impossible ! Je me souviens en Pologne il y avait un groupe de filles au premier rang avec des pancartes et je leur disais « je vous vois ! », juste pour essayer, mais ensuite elles sont venues à mon concert à Varsovie… et elles ont apporté les pancartes !!! C’est vraiment cool, c’est le genre de choses qui me donne envie de continuer.
Tu es maintenant au milieu de ta tournée européenne, as-tu eu le temps de visiter les endroits où tu es allée ?
Sara Hartman : Oui, nous avons commencé par Budapest où nous avons joué sur un bateau, et je n’étais jamais allée en Hongrie auparavant, c’était vraiment bien, même si le temps était un peu pourri ce jour-là ! Nous avons aussi fait un concert à la maison, à Berlin. J’étais émue de faire ce concert, ça voulait dire beaucoup pour moi, et c’était complet. Nous sommes aussi allés à Cologne, à Munich, Varsovie, Rotterdam hier, Prague… pas mal d’endroits ! Donc à chaque fois j’essaie de prendre le temps d’aller faire une ballade pour voir à quoi ressemble la ville.
Tu as donc fini d’enregistrer ton album, quand sortira-t-il ?
Sara Hartman : Je peux te promettre qu’il y aura du nouveau l’année prochaine, mais j’ai bien peur de ne pas pouvoir t’en dire plus à l’heure actuelle, je suis vraiment désolée !
Alors quelle est la prochaine étape pour toi ? Que voudrais-tu achever d’ici la fin de cette année, ou de l’année prochaine ?
Sara Hartman : Il s’est passé tellement de choses en 2016. J’aimerais voir beaucoup d’autres choses arriver, mais je crois que maintenir ce niveau de bonheur, en faisant peut-être une ou deux choses de plus, et conserver aussi ma santé mentale ce serait déjà bien. A part ça je reste ouverte, mais c’est difficile de planifier !
Propos recueillis à Paris le 28 novembre 2016
Un grand merci à Sara Hartman, à Nina Veyrier pour avoir rendue cette interview possible, ainsi qu’à toute l’équipe de Polydor France.
Pour plus d’infos :
Le Pop Up du Label, lundi 28 novembre 2016 : galerie photos
http://www.sara-hartman.com/
https://www.facebook.com/sarahartmanmusic/
https://twitter.com/sarahartman