Il aura suffit de quelques singles à Skott pour affoler la blogosphère. Avec « Porcelain », « Amelia » et « Glitter & Gloss » cette jeune chanteuse suédoise surdouée a déjà reçu les louanges de la presse internationale, de Pop stars influentes comme Lorde et bien sûr du public! Elle construit déjà un univers bien à elle, marqué par une certaine féérie qui n’est pas totalement étrangère à son parcours et à ses origines dont elle nous parle plus en détail dans cette interview.
Pour commencer, peux-tu me parler de tes origines, car je crois que ton histoire est assez particulière ?
Skott : Oui, et il y a eu une grande confusion à ce sujet, notamment le fait de savoir si j’avais grandi dans une communauté ou non. Mais non, ce n’était pas une communauté où tu fais du troc. Quand j’ai entendu ça je me suis dit « oh, ça explique tout », parce que les blogs écrivaient des choses assez étonnantes à mon sujet. C’est un problème de traduction, parce qu’en suédois « commune » signifie plutôt une région ou un canton, donc rien à voir avec une communauté hippie. Donc ce n’était pas ça : nous avions des voitures, la radio, un magasin dans un village dans lequel on payait avec de l’argent. Mais c’est un endroit très traditionnel. Je n’y voyais rien de spécial en grandissant, pour moi c’était normal, mais je m’en rends mieux compte maintenant. Nous avions beaucoup de très belles choses, beaucoup de musique Folk, presque tout le monde jouait du violon et était impliqué d’une façon ou d’une autre. Nous avions des réunions dans la prairie ou dans la forêt où nous portions des costumes folkloriques qui ont été transmis de génération en génération et nous jouions de la musique toute la nuit, parce que le soleil ne se couche jamais vraiment, il fait jour presque toute la nuit pendant l’été au Nord de la Suède. C’était vraiment bien. J’ai commencé le violon vers l’âge de 5 ans. Notre façon de jouer n’était en aucun cas prétentieuse, ton niveau n’avait pas d’importance, tout le monde avait l’opportunité de jouer, dans un état d’esprit très libre.
Tu t’es donc installée en ville plus tard pour découvrir la musique Pop et la culture urbaine ?
Skott : Oui, en fait je suis partie en ville pour aller à l’école, puis ensuite je suis allée plus loin dans une autre école spécialisée qui m’a permis d’ouvrir les portes de l’industrie de la musique, à Stockholm, une ville où je ne connaissais personne. C’était une étape importante. Je savais que je voulais faire de la musique, composer, écrire. J’ai eu un piano vers l’âge de 15 ou 16 ans et j’ai commencé à explorer mes capacités vocales. J’ai pris beaucoup de plaisir à chanter et j’ai ensuite commencé à écrire des chansons pour pouvoir les interpréter, alors qu’avant je ne faisais que des compositions instrumentales au violon.
Tu as grandi entourée d’instruments acoustiques. A quel moment as-tu fais le saut vers la musique électronique ? Était-ce une réaction à cette éducation ?
Skott : Oui c’en est probablement une parce que j’ai traversé une phase où je produisais de la musique électronique, des sons de jeux vidéo en 8 bits. C’était à un moment où je venais de changer d’école et où j’avais rencontré de nouveaux amis qui m’ont fait découvrir les jeux vidéo. Je n’avais pas ça quand j’étais plus jeune alors je m’y suis beaucoup intéressée. C’est souvent tellement inspiré par le monde folklorique que ça y ressemble de nombreuses manières, notamment à la musique avec laquelle j’ai grandi. Mais la production et les sons électroniques m’intriguaient vraiment, j’ai donc téléchargé un programme pour pouvoir faire mes propres sons. C’était donc uniquement instrumental. C’est en fin de compte une réaction envers mon éducation, et en même temps ça y ressemble beaucoup. Tout est basé sur des mélodies qui sont très fortes et similaires, en tout cas pour les vieux jeux vidéo où il n’y avait pas encore de production qui te permette d’avoir des mélodies très travaillées. C’est pareil pour la musique Folk au violon. Et ce n’est donc que plus tard que j’ai commencé à faire de la Pop.
J’ai lu que tu avais fait ton tout premier concert l’été dernier au Gothenberg’s Way Out West festival, c’est très récent ! Comment te sens-tu sur scène, tu t’y es vite habituée ?
Skott : J’avais un peu peur avant de commencer, parce que je ne savais pas comment je réagirais et à quel point ce serait effrayant d’être sur scène et de chanter mes chansons qui sont assez personnelles. Je me suis aperçue que je devenais très nerveuse plusieurs jours à l’avance, et les jours de concert je pouvais à peine manger et je suis toujours un peu comme ça. Mais quand je suis sur scène je traverse des moments incroyables qui ne ressemblent à rien d’autre. Parfois je me mets aussi à trop réfléchir, je me demande ce que pense le public, et c’est en général à ce moment-là que tu fais des erreurs. Mais ça va et vient, il y a donc d’autres moments où tu es totalement dans ta musique et avec le public aussi. C’est un sentiment merveilleux de voir la foule chanter tes chansons avec toi, c’est vraiment ça la plus belle expérience sur scène, de se rendre compte que les gens aiment vraiment les chansons que j’écris. Nous sommes tous étrangers mais à cet instant-là c’est comme si nous nous connaissions les uns les autres. Mais quand je suis moi-même, la plupart du temps c’est vraiment effrayant et stressant.
Tu as été adoubée par de grosses stars internationales comme Lorde et Katy Perry, y accordes-tu de l’importance ?
Skott : C’est incroyable parce qu’elles ont permis à tant de monde de découvrir ma musique. Elles ont pris le temps de me contacter sur Twitter pour me dire qu’elles l’ont aimée et j’étais déjà surprise juste par le fait qu’elles aient entendu ces chansons, c’était fou et ça m’a fait très plaisir. Donc oui c’est spécial, même s’il ne faut pas oublier tous les autres fans, c’est cool de voir de tels artistes aimer ma musique, c’est très flatteur.
Tu n’as sorti que quelques singles pour le moment, et pour chacun d’entre eux l’artwork est assez incroyable, qui fait ces dessins ?
Skott : Oh, merci ! En fait au départ quand j’ai réfléchi à la pochette je voulais quelque chose d’excitant, qui m’intrigue, pour être honnête avec moi-même, avec l’enfant qui se cache en moi. Et j’aimais les choses comme les dinosaures, c’est épique, ils me passionnent vraiment. J’aime aussi l’Art Nouveau, mais aussi ce qui vient de l’univers Fantasy. J’ai donc fait une esquisse de ce que je voulais. J’ai un ami, Albert, qui est très doué pour la peinture à main levée et un autre, Peter, qui est plus en charge du design et de l’aspect digital. Nous avons fait ça tous les trois.
Comment décrirais-tu ton dernier single « Glitter & Gloss » ?
Skott : C’est une question très difficile, parce que j’ai eu tellement de mal à l’écrire, c’est la chanson la plus complexe en termes de paroles que j’ai écrite, ce qui la rend très compliquée à expliquer car elle comporte tellement de couches différentes. Elle parle en gros de ce qui a de l’importance dans la vie ou non, de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas, de tes conflits intérieurs, entre la surface et l’intérieur. Ça parle aussi du fait d’être attiré par des choses qui ne sont pas nécessairement bonnes ou nécessaires pour toi, comme la beauté ou des choses matérielles. Tu questionnes tes propres désirs, c’est un combat intérieur. Mais c’est surtout une chanson sur la fait d’être honnête envers soi-même.
Et tu as fait ton premier clip pour cette chanson, comment as-tu vécu cette expérience ?
Skott : C’était énorme, et tellement de travail en même temps. Je le savais déjà, mais une fois dedans c’était encore plus que ce que j’avais imaginé. Mais c’était vraiment fun de bénéficier d’un autre point de vue créatif qui joue un rôle de complément avec la musique et qui permette de la recréer visuellement. J’avais des idées visuelles en écrivant mes chansons. Je pouvais voir un film dans la neige et j’ai pu le rendre réel.
Il y a un cerf mort dans la neige au début du clip, que représente-t-il ?
Skott : Oui, il symbolise la fragilité de la vie, c’est un thème qui revient dans beaucoup de mes chansons.
Travailles-tu maintenant sur ton premier album ? Quand arrivera-t-il à ton avis ?
Skott : Oui, j’y travaille et je pense qu’on peut espérer le voir arriver vers la fin de l’année ou le début de l’année prochaine. Mais avant ça je sortirai quelques chansons de plus !
Propos recueillis à Paris le vendredi 7 avril 2017.
Un grand merci à Skott, à Antoine Berger et Samuel Walter pour avoir rendue cette interview possible, ainsi qu’à tout l’équipe de Sony Music France.
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