14 Rue Abel 75012 Paris
C’est le moment d’aimer l’Amérique, tandis que s’affiche partout le visage hideux de sa vulgarité satisfaite. On oublie parfois que cette image-là n’est que le revers de celle que nous aimons, que l’une ne va pas sans l’autre. Or une jouvencelle à frange nous fixe plein pot sur la pochette de son premier album, nommé crânement « La Vie honnête ». Courtney Marie Andrews a l’air d’avoir 12 ans, en a 26 et au moins une vie derrière elle : plusieurs de ses dix chansons débutantes sont manifestement nourries par la fin et les attenants d’une affaire sentimentale. Native de Phoenix (Arizona), elle est un pur produit de la tradition du Southwest, territoire où la country, celle qu’écoutent aussi les « ugly Americans » (comme dit l’une de ses chansons), se mâtine de folk-rock, voire se panache d’un trait de soul. On s’en voudrait d’encombrer les bagages de miss Andrews, mais disons qu’elle tient d’une Linda Ronstadt qui eût écrit elle-même son répertoire, à la manière de Joni Mitchell. Pas intimidée par les balises du genre, elle fait bouillir un sang neuf dans ces histoires de fille « un peu seule et un peu défoncée », dans un bar de Houston, chassant un fantôme dont le coeur a guéri trop vite, alors que « certains mettent plus de temps à rompre ». Une voix surtout nous saisit, et ne va pas nous quitter facilement. La preuve, ce final Only in my mind, qui fendrait le coeur des pierres. C’est une suite d’accords entendue cinq cents fois, mais Courtney Marie Andrews lui insuffle une passion, une douce violence qui emporte tout sans rien appuyer
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